Comment renforcer la gestion des risques climatiques pour protéger la stabilité financière

21 novembre 2025 - Par : Natasha CHAUDHARY

Le changement climatique ne se conforme pas aux cycles économiques, politiques ou de supervision financière – ses impacts négatifs à long terme se situent au-delà de ces horizons. Il y a dix ans, lorsque Mark Carney a souligné ce paradoxe dans son discours emblématique Tragedy of the Horizons, le changement climatique n’était pas considéré comme un risque pour la stabilité financière. Aujourd’hui, les tests de résistance européens estiment à 638 milliards d’euros les pertes bancaires sur 8 ans, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) révèle que plus de 90 % des banques sont confrontées à des risques climatiques et environnementaux. Une question clé se pose : l’accent mis par les superviseurs sur le verdissement du système financier est-il suffisant face aux risques croissants, notamment ceux liés aux actifs échoués ? 

 

L’analyse d’I4CE sur les actifs échoués recommande trois transformations dans la supervision financière pour gérer efficacement ces risques sous-estimés. 

 

Les banques devraient gérer les actifs à risque d’échouage de façon proactive, en fournissant les financements crédibles pour faciliter une transition ordonnée de l’économie réelle, y compris via des cleantechs par exemple. Elles devraient également intégrer les risques d’échouage dans leurs cadres de risque de transition pour évaluer à quel point leurs clients ont préparé leur transition. Enfin, les superviseurs doivent exploiter leur boîte à outils prudentielle pour limiter l’accumulation des risques climat et catalyser le financement de la transition. Des coussins macroprudentiels dynamiques aideraient à absorber les pertes liées aux actifs échoués, tandis que des plans de transition prudentiels permettraient de suivre les flux bancaires vers les opportunités de transition. Les lignes directrices 2025 de l’Autorité bancaire européenne (ABE) attendent des banques un engagement proactif via une « planification structurée de la transition ». 

 

Alors que l’Union européenne simplifie les règles de durabilité, la disponibilité limitée de données granulaires sur les banques et leurs clients pourrait affecter l’efficacité des outils de supervision, créant des angles morts dans la surveillance des risques de transition désordonnée. Il est crucial que les superviseurs renforcent non seulement leurs outils de surveillance mais encouragent également les banques à financer les besoins de transition – prévenant l’accumulation de risques dans l’économie réelle et protégeant la stabilité financière. 

 

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