Financement climat et développement : passer de l’ambition à l’action ?

La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) à Séville représente un jalon important pour la mise en œuvre des objectifs de développement (dont l’action climatique), dix ans après l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris. L’ « Engagement de Séville » adopté le 30 juin (en l’absence des États-Unis) se veut le signal d’une continuité dans le soutien en faveur d’un ensemble complet de mesures pour financer le développement. Il souligne aussi, cependant, l’écart entre les engagements pris à haut niveau et la réalité du terrain sur le financement à la fois du développement et de l’action climatique. Les travaux récents d’I4CE abordent deux problématiques sous-jacentes au passage de l’ambition à l’action.

 

Premièrement, les besoins en financements des économies émergentes. Les chiffres phares sur les besoins de financement climat dans ces pays ont été largement utilisés pour relever le niveau d’ambition des engagements mondiaux ; ce nouveau rapport interroge leur capacité à stimuler la mobilisation des financements. Les chiffres varient du simple au quintuple, en raison d’absence de données et de choix méthodologiques différents. Ils confondent souvent deux approches : d’une part, le calcul des coûts additionnels liés aux mesures climatiques nécessitant de nouveaux financements ; d’autre part le calcul des besoins de développement plus larges, alignés climat, reposant sur des changements systémiques dans les flux financiers. La plupart des études omettent les coûts de financement, en dépit des réalités de la crise de la dette. Les coûts réels d’investissement dépendront par ailleurs du mélange d’instruments et de sources déployés. Leur non-prise en compte témoigne de la distance à parcourir avant de traduire les engagements COP en stratégies de mobilisation efficaces.

 

Deuxièmement, le rôle des banques publiques de développement (BPD). Comme le souligne l’ « Engagement de Séville », les BPD internationales sont attendues sur la mobilisation des financements axés ODD et l’alignement des flux financiers existants. Une étude récente d’I4CE examine comment les BPD internationales peuvent soutenir l’alignement climat des flux financiers confiés aux intermédiaires financiers (IF). Cette étude compare les pratiques en matière d’engagement avec les IF et les résultats envers l’atteinte d’objectifs climat et développement.

 

Alors que l’attention internationale se tourne vers la mise en œuvre des ambitions climatiques, ces publications contribuent à une compréhension essentielle des besoins de financement et des stratégies de mobilisation.

 

Lire la newsletter

Pour aller plus loin
  • 13/06/2025
    Le potentiel inexploité des revenus du carbone

    Les négociations sur le climat se déroulent la semaine prochaine à Bonn, et le financement est une fois de plus à l’ordre du jour. La COP 29 s’est achevée l’année dernière sur un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), qui remplace l’objectif de 100 milliards de dollars. La décision du NCQG a mis en avant l’engagement des pays développés à fournir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement, ainsi qu’une proposition de travailler sur une feuille de route pour augmenter le financement climatique pour les pays en développement afin d’atteindre un niveau plus proche des besoins estimés – la « feuille de route de Bakou à Belem à 1,3T » (1300 milliards de dollars). Cette dernière doit être présentée à la fin de l’année lors de la COP 30, et la présidence brésilienne déploie des efforts considérables pour faire aboutir ce processus.

  • 11/06/2025
    Les comptes mondiaux du carbone 2025

    L’édition 2025 des Comptes mondiaux du carbone présente un panorama global des instruments de la tarification du carbone sous l’angle de leur contribution actuelle et potentielle au financement de l’action climatique et du développement, à un moment où des discussions majeures sur ces enjeux ont lieu au niveau international. Plusieurs juridictions utilisent déjà les revenus issus du carbone pour soutenir des objectifs politiques divers, notamment les efforts de décarbonation et le soutien aux acteurs économiques les plus affectés par la transition.

  • 31/03/2025 Tribune
    Planification écologique, enfin le retour !

    Le Conseil de planification écologique va se réunir pour la première fois depuis 2023, l’occasion de relancer l’action gouvernementale. Pour Benoît Leguet dans sa chronique mensuelle des Echos, il était temps : on a plus que jamais besoin de planification écologique, pour assurer notre souveraineté et notre sécurité.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer