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Agenda climat 2023 : il n’y a jamais eu de meilleur moment pour agir

13 janvier 2023 - Édito de la semaine - Par : Benoît LEGUET

2022 a été une année mouvementée sur le plan du climat. L’année a vu l’émergence d’un nouveau concept, celui de la polycrise : guerre en Ukraine, suites du Covid, retour de l’inflation, crise du gaz, pénuries agricoles, sécheresses persistantes et autres événements climatiques. Toutes ces crises ont pointé in fine notre dépendance directe et indirecte aux énergies fossiles ; nos fragilités face à un climat qui change ; et la vulnérabilité de nos économies et des classes moyennes et modestes.

 

Face à ces crises, la tentation de faire passer au second plan la lutte contre les changements climatiques était dès lors grande. Et les gouvernements, en Europe et dans le monde, ont très largement préféré subventionner la consommation d’énergies fossiles plutôt que d’investir pour la transition. Dans ce contexte, une question mérite d’être posée : après le temps des pompiers, les architectes auront-ils encore de quoi investir demain, pour l’atténuation comme pour l’adaptation ? La réponse dépend à l’évidence du contexte national, et des priorités du moment. En Allemagne, l’invasion de l’Ukraine a ouvert les cordons de la bourse publique, y compris pour les investissements dans les énergies renouvelables. En France, après la fin annoncée du « quoi qu’il en coûte », on constate un retard dans la mise en œuvre du plan de financement de la transition esquissé par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Face à des changements climatiques qui ont été prédits par les scientifiques depuis plus de trente ans, il convient de planifier les investissements essentiels à la transformation de la France en une nation verte.  

 

L’année 2022 a été ponctuée par des avancées remarquables. Mais pour chacune de ces avancées, on mesure en creux ce qu’il reste à faire en 2023.

 

Au niveau international, la COP27 de Sharm el-Sheikh a permis de trouver un accord sur la question des pertes et dommages. Mais en 2023, au-delà des négociations sous l’égide de l’ONU, la clé sera la réforme de l’architecture financière internationale et son impact sur la capacité des banques de développement à relever le défi climatique. Ces banques peuvent apporter une contribution au financement de la transition dans les pays du Sud bien plus décisive que ne le laisse penser leur taille.

 

En 2022, l’Union européenne s’est accordée sur des volets majeurs du Pacte Vert (Green Deal) : priorité aux énergies renouvelables désormais présumées d’intérêt public supérieur, interdiction de ventes des voitures thermiques neuves dès 2035, réforme du marché carbone, introduction d’une taxe carbone aux frontières, interdiction de l’importation de produits favorisant la déforestation, avancées sur le reporting climat des entreprises et leurs plans de transition. Mais en 2023 il faudra compléter ce volet réglementaire par des avancées sur l’efficacité énergétique. Et par un « plan d’investissement européen », essentiel pour accompagner les transformations économiques, et réponse à l’Inflation Reduction Act états-unien et son plan d’investissement d’au moins 350 milliards de dollars dans les technologies propres.

 

En France enfin, le nouveau Secrétariat général à la planification écologique placé auprès de la Première ministre coordonne désormais l’élaboration de la stratégie énergie-climat. Il veille aussi à la bonne exécution des engagements climatiques pris par tous les ministères. Mais dès 2023, pour faciliter cette bonne exécution, il faudra que l’État se dote d’un plan de financement pluriannuel conforme à ses engagements de neutralité carbone et qui prenne en compte l’impératif d’adaptation au changement climatique. 

 

L’équipe d’I4CE sera engagée en 2023 sur tous ces sujets. Nous restons portés par deux convictions. La première : une action publique forte et structurée (appelons cela « planification ») sera nécessaire à la transition ; et une telle action publique est d’autant plus légitime et pertinente dans un contexte de crises multiples, car elle réduit les incertitudes pour les entreprises, les familles, les collectivités qui mettront en œuvre la transition. Seconde conviction : les crises peuvent accélérer la prise de conscience et l’action en faveur de la transition. Et donc rendre possible pour l’action publique ce qui « hier » paraissait impossible à mettre en œuvre, et même à mettre en discussion.

 

Il n’y a donc jamais eu de meilleur moment pour agir : nous vous donnons rendez-vous tout au long de l’année 2023, pour contribuer à ces différents agendas en France, en Europe, et à l’international.

 

Agenda 2023

Financements publics internationaux

Le débat international sur le financement du climat sera marqué en 2023 par la réforme de l’architecture financière internationale, au premier rang de laquelle la Banque mondiale et le FMI. Il y a eu un consensus à la dernière COP sur le fait que le système international n’est pas « fit for purpose » et que des réformes en profondeur vont devoir être initiées dès 2023. Avec le Sommet pour un nouveau Pacte financier du Président français, les Spring meetings ou encore le Sommet Finance in Common, nombreuses seront les occasions pour augmenter et améliorer l’efficacité des financements publics internationaux. Pour que ces financements soient utilisés au mieux, les pays en développement devront quant à eux continuer à se doter de plans de transformation de long terme et de stratégies pour les financer.

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Financement du Green Deal

L’Union européenne a connu une année 2022 riche en décisions. Une grande partie du pilier réglementaire du Green Deal a été adoptée. Face à la deuxième invasion de l’Ukraine, l’Union européenne a choisi d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables et de renforcer ses efforts d’efficacité énergétique. Mais de quelle manière l’Union souhaite-elle financer sa transition ? Les Etats-Unis ont fait une énorme avancée avec l’Inflation Reduction Act, mais l’UE n’a pas encore apporté de réponse à la hauteur de ce défi. Elle aura de nombreuses opportunités en 2023 pour y remédier avec les débats sur le Pacte de Stabilité et de croissance, la révision à mi-parcours de son budget pluriannuel et la préparation des élections européennes ainsi que le renouvellement de la Commission en 2024.

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Réglementations financières

Ces dernières années, que ce soit avec la taxonomie sur les activités vertes ou le renforcement du reporting obligatoire pour les entreprises et les acteurs financiers, l’UE s’est évertuée à mobiliser la finance privée au service de la transition et s’est positionnée comme le leader mondial de la réglementation financière pour le climat. 2023 sera l’occasion de passer à l’étape suivante : le Paquet bancaire actuellement en discussion au Parlement européen devrait rendre obligatoire les plans de transition climat pour les banques, et la European Banking Authority en définir les modalités précises.

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Financement de la transition 

En France, le début du quinquennat a été marqué par le prolongement du bouclier tarifaire qui coutera encore des dizaines de milliards d’euros cette année. Quels seront les moyens financiers dont disposeront l’Etat et les collectivités pour investir dans la transition et aider les ménages et entreprises à faire de même ? En 2023, Matignon et son tout nouveau Secrétariat Général à la Planification Ecologique devront faire aboutir leurs travaux sur le financement de la transition, afin de nourrir les débats autour de la Loi de Programmation Energie Climat, du budget 2024 ou encore du budget alloué aux infrastructures de transport.

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Adaptation au changement climatique

Avec l’été qu’elle a traversé, la France a pris conscience d’un impératif : s’adapter. Après de premières mesures prises notamment dans le cadre du débat budgétaire, il y aura cette année plusieurs occasions de vérifier que la prise de conscience se traduit en actes et en financements, avec la Loi de Programmation Energie climat puis le budget 2024 et la révision du plan national d’adaptation. En 2023, il faudrait par ailleurs que tous les financements publics passent un « stress test de l’adaptation », pour que l’Etat arrête de dépenser 50 milliards chaque année dans des infrastructures dont on ne sait si elles sont adaptées au climat de demain.

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Investissements des collectivités locales

Incertitude. C’est le mot le plus pertinent pour qualifier la situation dans laquelle se trouvent les collectivités locales françaises. Difficile de dire si elles auront la capacité d’augmenter leurs investissements dans la transition énergétique pour commencer à rattraper leur retard, alors même qu’elles doivent faire face à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie. 2023 sera à la fois un test pour savoir comment elles ont réussi à gérer ce choc, et un test pour le nouveau dispositif lancé par le Gouvernement pour soutenir la transition des collectivités : Le Fonds Vert. Le Fonds a été doté de 2 milliards en 2023, et la pérennité de ce financement est à ce jour… incertaine.

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Agriculture et certification carbone

En matière agricole, l’année 2023 sera marquée en France par une nouvelle loi d’orientation censée relever le défi du départ à la retraite d’un grand nombre d’agriculteurs. Elle devra à la fois attirer de nouveaux agriculteurs et les aider à adopter des pratiques et investir dans des exploitations plus durables face aux dérèglements climatiques. Pour cela, la loi devra se pencher sérieusement sur les aides publiques à l’investissement, et ne pas oublier les agriculteurs qui partent à la retraite et dont l’exploitation perd de la valeur avec le changement climatique. Au niveau européen, 2023 sera une année clé pour la certification carbone des pratiques agricoles, première brique indispensable pour réformer la politique agricole de l’UE.

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Adaptation des forêts et transformation de l’industrie du bois

La forêt française a été fortement éprouvée en 2022, ne serait-ce que par les feux de forêt de l’été. Alors que des moyens considérables ont été alloués au renouvellement forestier, le défi cette année sera de s’assurer qu’ils servent à adapter les forêts, à les rendre plus résilientes face au dérèglement climatique. Plus facile à dire qu’à faire. Il faudra aussi s’assurer que ces moyens contribuent au développement des filières de transformation du bois les plus pertinentes pour le climat, au premier rang desquelles la production de matériaux à base de bois qui ont un grand avantage : ils stockent du carbone pendant de nombreuses années.

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