Budget et transition écologique : navigation à vue
Dès ce mois de février, la transition écologique fait les frais des coupes dans le budget 2024. C’est le retour à la navigation à vue sur le financement de la transition. Pour Benoît Leguet, éviter des coupes budgétaires récurrentes impose de mettre en débat l’efficacité des dispositifs de financement de la transition.
Le 18 février, Bruno Le Maire a fait savoir qu’il y aurait des annulations de crédit de 10 milliards d’euros pour 2024. Des coupes budgétaires, moins de deux mois après l’adoption de la loi de finances initiale pour 2024 ! La transition écologique se trouve – à son corps défendant – très bien représentée dans les économies annoncées.
Un quart des économies porte sur des programmes qui financent majoritairement des dépenses favorables à l’environnement. Ces programmes, le plus souvent pilotés par le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ne représentent pourtant que 2 % des crédits votés initialement.
On peut s’inquiéter de l’impact délétère de cette instabilité budgétaire sur les investissements des ménages, des collectivités, et des entreprises. Mais ces coupes révèlent surtout l’absence de consensus sur l’efficacité des mécanismes de financement de la transition écologique. Ces derniers sont critiqués, remis en cause, pour de mauvaises ou d’excellentes raisons : ils constituent donc des victimes idéales pour les coups de rabot quand ils sont nécessaires. Or, si ces dispositifs font systématiquement les frais des coupes budgétaires, la France fera au mieux une transition en stop and go, vraisemblablement plus coûteuse… et plus certainement pas de transition.