La certification carbone européenne doit être exigeante… et attractive

2 décembre 2022 - Édito de la semaine - Par : Claudine FOUCHEROT

Comment différentier les projets qui permettent vraiment de stocker du carbone, des projets qui prétendent seulement le faire ? Question compliquée quand on s’intéresse à des projets dans l’agriculture et la forêt, pour lesquels la quantification du carbone stocké est complexe et se heurte au risque de non-permanence, et pour lesquels il faut aussi prendre en compte les autres défis environnementaux à commencer par la préservation de la biodiversité. Une question compliquée donc, mais une question qui nécessite une réponse ! Des acteurs privés et des pouvoirs publics veulent s’assurer que les projets agricoles et forestiers qu’ils financent au nom du climat ont un réel bénéfice environnemental.

 

Les systèmes de certification carbone se sont multipliés ces dernières années pour répondre à cette question. Problème : ils ont des niveaux d’exigence pour le moins hétérogènes. C’est pourquoi la Commission européenne vient de proposer un nouveau règlement pour créer un « cadre » de certification carbone commun au niveau européen. Et ainsi faire le tri entre le bon grain et l’ivraie, et apporter de la clarté aux financeurs, aux agriculteurs et aux forestiers.

 

Cette proposition de la Commission est donc une excellente nouvelle mais, comme le montre l’analyse que nous en avons faîte que vous découvrirez dans cette newsletter, le mieux peut parfois être l’ennemi du bien. L’impossibilité de valoriser les réductions d’émissions agricoles en plus du stockage de carbone, ou une gestion trop complexe du risque de non-permanence risquent de rebuter les acteurs de terrain. Si la future certification carbone européenne n’est pas suffisamment attractive, elle ratera son objectif. La balle est désormais dans le camp du Conseil et du Parlement européen.

 

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Pour aller plus loin
  • 20/09/2024
    Intégration des pratiques de gestion forestière améliorée dans les systèmes de certification du carbone : où en sommes-nous et comment aller de l’avant ?

    La gestion améliorée des forêts (Improved Forest Management, IFM en anglais ) peut contribuer à atténuer le changement climatique en augmentant la séquestration du carbone dans les forêts et les produits du bois. Idéalement en garantissant le niveau le plus élevé possible des stocks de carbone forestier, en tenant compte des perturbations naturelles. En Europe, ces pratiques pourraient être encouragées, notamment pour contrebalancer le déclin du puits forestiers dans certains pays. Il devrait être possible d’encourager ces pratiques au sein du cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (Carbon Removals and Carbon Farming, CRCF en anglais). Il est important que les caractéristiques des forêts et les stratégies de gestion forestière améliorée soient correctement intégrées dans ce nouveau système. C’est là qu’INFORMA intervient ! 

  • 15/03/2024
    Cadre de certification européen : le diable se cache dans les détails

    Quelques jours après l’aboutissement des négociations sur le Cadre de certification de l’Union européenne relatif aux absorptions de carbone (CRCF), I4CE a contribué à l’organisation du European Carbon Farming Summit à Valencia, dans le cadre du projet CREDIBLE. La forte participation des parties prenantes à ce sommet témoigne des attentes pour mieux valoriser les pratiques agricoles et forestières bas carbone grâce à ce nouvel outil. On retient du sommet de grands espoirs sur l’amélioration et l’harmonisation de la mesure du carbone pour certifier les projets, grâce à la télédétection notamment, dans un secteur où les incertitudes sont importantes.

  • 29/02/2024 Billet d'analyse
    Cadre de certification européen : une esquisse de qualité qui ne garantit pas la valeur du tableau final

    Les co-législateurs européens viennent de se mettre d’accord en trilogue sur le contenu du futur cadre de certification carbone européen (Carbon Removal Certification Framework, CRCF en anglais). Des négociations fructueuses et rapides dans un contexte de recul général sur l’adoption des différents textes du Green Deal. A l’heure où environnement et revenus des agriculteurs sont mis en opposition, ce projet de règlement rassemble ces deux enjeux pour créer des conditions d‘investissement dans la transition agricole et forestière. De nombreux détails restent cependant à clarifier pour que ce cadre permette des financements à la fois efficaces et ambitieux pour le climat.

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