Que signifie «Alignement avec l’Accord de Paris» ?

20 septembre 2019 - Billet d'analyse - Par : Alice PAUTHIER

I4CE vient de publier un « cadre pour l’Alignement avec l’Accord de Paris », Alice Pauthier revient ici sur ce que « Alignement » signifie.

 

 

« S’aligner avec l’Accord de Paris » : stopper les activités préjudiciables et soutenir la transformation

Depuis la signature de l’Accord de Paris, de plus en plus d’institutions financières et d’acteurs économiques s’engagent à « s’aligner avec ses objectifs ». Toutefois, il n’y a actuellement pas de compréhension commune de ce qu’est « l’alignement » avec l’Accord de Paris. Dans notre rapport, I4CE analyse l’Accord de Paris pour proposer un cadre permettant de définir ce concept et processus. Les conclusions soulignent qu’un engagement à « s’aligner » est un engagement à soutenir l’atteinte des trois objectifs de l’Accord de Paris sur l’atténuation, l’adaptation et la finance. Pour ce faire, les acteurs doivent réduire et arrêter toutes les activités qui sont ou pourraient être préjudiciables à l’atteinte de ces objectifs et, chaque fois que cela est possible, contribuer activement aux changements progressifs et transformationnels nécessaires pour un développement à faibles émissions de GES et résilient au changement climatique. S’il est vrai que les mesures de lutte contre les changements climatiques doivent être prises à l’échelle mondiale, les acteurs doivent s’efforcer de tenir compte du contexte et des trajectoires futures des économies et sociétés nationales.

 

 

Plus concrètement, en quoi cela diffère-t-il de ce que font déjà les institutions financières et d’autres acteurs dans le domaine du changement climatique ?

Les gouvernements, les institutions financières et les acteurs économiques ont pour beaucoup commencé à intégrer le changement climatique dans leurs stratégies et leurs opérations. « S’aligner » est un processus qui implique de s’appuyer sur les approches – mais nécessite de prendre en compte trois « dimensions » supplémentaires :

 

  • Premièrement, les acteurs doivent examiner l’ensemble de leurs activités et considérer leur impact sur les systèmes et les chaînes de valeur.
  • Deuxièmement, les acteurs doivent évaluer les effets à court terme de leurs activités pour l’action climatique (émissions, résilience), mais aussi s’assurer qu’ils contribuent à bâtir une société et une économie décarbonisée et résiliente à long-terme.
  • Troisièmement, les acteurs doivent s’efforcer de contribuer activement à la réalisation des objectifs climatiques en veillant à ce que toutes leurs activités 1) ne soient pas préjudiciables ; 2) soutiennent des co-bénéfices climatiques qui soient compatibles avec Paris ; et 3) favorisent autant que possible un impact transformationnel pour les économies et sociétés.

 

 

 

 

Quels acteurs vont « s’aligner avec Paris » et pourquoi ?

Tous les acteurs économiques – qu’ils recherchent des impacts sur le développement durable ou aient une orientation commerciale – ont intérêt à aligner leurs activités avec les objectifs à long terme de l’Accord de Paris :

 

  1. Nombre d’entre eux seront appelés à contribuer directement à la réalisation des objectifs climatiques à long terme par leurs actionnaires et autres parties prenantes ;
  2. Tous devront gérer les risques et les opportunités associés à la transformation nécessaire de l’économie et de l’environnement financier ; et
  3. Tous devront tenir compte des changements climatiques physiques et y réagir.

 

Toutefois, la contribution directe de chaque acteur économique à la réalisation de ces objectifs de long terme dépendra de son mandat, de son rôle et de ses responsabilités. Tous ne seront pas en mesure d’évaluer et de prendre en considération le rendement non financier du capital investi. Dans tous les cas, ils devront néanmoins rapidement réduire leurs activités « préjudiciables » pour ne pas « faire obstacle » à l’atteinte des objectifs.

Pour aller plus loin
  • 02/07/2025
    Financement climat et développement : passer de l’ambition à l’action ?

    La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) à Séville représente un jalon important pour la mise en œuvre des objectifs de développement (dont l’action climatique), dix ans après l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris. L’ « Engagement de Séville » adopté le 30 juin (en l’absence des États-Unis) se veut le signal d’une continuité dans le soutien en faveur d’un ensemble complet de mesures pour financer le développement. Il souligne aussi, cependant, l’écart entre les engagements pris à haut niveau et la réalité du terrain sur le financement à la fois du développement et de l’action climatique. Les travaux récents d’I4CE abordent deux problématiques sous-jacentes au passage de l’ambition à l’action.

  • 28/06/2025
    Comment l’intermédiation financière peut-elle mieux contribuer à la transition climatique ?

    Ce rapport vise à stimuler une meilleure utilisation de l’intermédiation financière par les banques publiques de développement (BPD) internationales. Les BPD doivent mieux travailler ensemble dans un cadre systémique, en identifiant les domaines par lesquels elles contribuent le plus au développement bas-carbone et résilient au changement climatique. Le rapport se concentre principalement sur l’intermédiation financière par le biais de prêts à des institutions financières publiques dans les pays en développement.

  • 21/02/2025
    Banques publiques de développement : vers plus d’ambition climatique

    La semaine prochaine, des représentants de banques publiques de développement et de leurs parties prenantes se retrouveront au Cap en Afrique du Sud pour la 5e édition du Sommet Finance en Commun (FiCS), pour discuter de l’alignement de toutes les activités des banques publiques de développement avec les Objectifs de développement durable, l’Accord de Paris et le Cadre mondial de la biodiversité. Rassemblant toutes les banques publiques de développement dans le monde, Finance en Commun représente environ 10% des investissements mondiaux de développement chaque année, qui doivent s’aligner avec des trajectoires de développement durable. Cette année, les discussions du FiCS auront lieu alors même que l’Afrique du Sud accueille la première réunion des ministres des finances et gouverneurs de banques centrales du G20, qui se concentrera cette année sur la solidarité, l’égalité et la durabilité.

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