Transition écologique : « La France devra y consacrer chaque année 22 milliards d’euros de plus qu’en 2021 »

30 mai 2023 - Tribune - Par : Hadrien HAINAUT

Combien faut-il investir pour le climat ? Des experts d’horizons variés ont cherché à répondre à cette question importante et en apparence assez simple. Ils sont d’accord pour dire que, public comme privé, il faut investir plus pour réduire les émissions de carbone. Mais ils divergent sur l’ampleur du montant, qui va de 20 à 100 milliards d’euros par an. Faut-il s’inquiéter de cette divergence ?

 

La question est importante car elle alimente deux débats. Le premier concerne l’ampleur de la dépense publique. L’État et les collectivités locales devront investir dans les bâtiments et les infrastructures publiques, mais aussi aider les ménages et les entreprises à financer leurs propres investissements. Le second débat est macroéconomique : s’il faut investir davantage, cela implique de produire plus et d’épargner plus tout en consommant moins, ou encore de recourir à des capitaux étrangers – ce qui va affecter la croissance, l’emploi et le niveau des prix.

 

Chaque année depuis bientôt dix ans, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) dresse un panorama des investissements climat en France, et évalue les besoins pour les années à venir. Nous estimons que, pour mettre en œuvre la stratégie nationale bas carbone du gouvernement, la France devra consacrer chaque année 22 milliards d’euros de plus aux investissements climat par rapport au niveau atteint en 2021.

 

D’autres experts chiffrent les besoins à 30, 50 ou 100 milliards d’euros par an. Et le rapport remis par Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz à la première ministre, lundi 22 mai, chiffre les besoins annuels à 65 milliards d’euros.

 

On pourrait penser que ce qui distingue ces chiffres, c’est la préférence de certains experts pour le nucléaire, d’autres pour les renouvelables, ou bien l’ampleur des travaux qu’ils jugent nécessaire de réaliser dans le bâtiment, ou le nombre de véhicules électriques qu’ils estiment nécessaire de déployer. Mais tous ces chiffres se basent, à peu de chose près, sur les mêmes objectifs, ceux de la Stratégie nationale bas carbone actuelle, publiée en 2020 et aujourd’hui en cours de révision.

 

Expliquer les différences

Alors pourquoi ces estimations sont-elles si différentes ? D’abord parce que le niveau de référence (le niveau de départ pour mesurer les investissements climat « supplémentaires ») peut différer. L’estimation d’I4CE se réfère au niveau connu le plus récent, soit l’année 2021. Nous pensons que c’est la bonne démarche pour aborder la question budgétaire, chaque nouveau budget étant élaboré à l’aune des dépenses récentes.

 

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Hadrien HAINAUT
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