Les classes moyennes ont-elles (enfin) accès à la transition ?

20 juin 2025 - Édito de la semaine - Par : Sirine OUSACI

« La transition écologique est un luxe réservé aux riches », « elle n’est pas accessible à la majorité des Français ». Qui n’a pas pensé ou entendu cela lors d’une discussion sur les politiques climatiques ?  Acheter un véhicule électrique ?  C’est 10 000€ de plus qu’une voiture thermique. Remplacer son chauffage au gaz par une pompe à chaleur ? 15 000€. Rénover en profondeur son logement ? 50 000 € … Mais la transition écologique est-elle vraiment inaccessible économiquement pour les classes moyennes ?  Pour répondre à ces questions et éclairer le débat sur les aides publiques pour les ménages, I4CE publie sa deuxième édition de l’Observatoire des conditions d’accès à la transition écologique. 

 

Dans cette édition 2025, nous analysons l’évolution de l’accessibilité des investissements dans la rénovation énergétique et la mobilité électrique pour deux ménages issus des classes moyennes. Nos travaux mettent d’abord en avant une bonne nouvelle : l’accès aux investissements pour la rénovation performante d’une maison ou l’installation d’une pompe à chaleur s’est amélioré sur les dix dernières années. Par exemple, alors que la rénovation performante augmentait le budget logement de notre ménage de la classe moyenne inférieure il y a 10 ans, elle lui permet aujourd’hui de réaliser des économies nettes mensuelles de 130€. Pour la mobilité électrique, les évolutions sur les cinq dernières années sont toutefois plus mitigées. Le passage à l’électrique permet bien de faire des économies mensuelles par rapport à un équivalent thermique, de l’ordre de 30€ pour notre ménage de la classe moyenne supérieure pour une voiture neuve par exemple, mais ces économies ont diminué dans les dernières années.

 

Les progrès des dernières années résultent surtout de l’augmentation des aides et ont à l’inverse été freinés par la hausse du coût des rénovations et des véhicules électriques. Alors que certains investissements ne sont toujours pas accessibles aux ménages modestes et aux classes moyennes, il y a un risque que le budget 2026, qui s’annonce de nouveau très contraint, ne détricote les améliorations récentes. L’enjeu sera de prioriser le soutien de ces ménages via des subventions et des dispositifs comme le leasing social, tandis que des leviers réglementaires et fiscaux pourront être mobilisés pour inciter les acteurs qui en ont les moyens à investir. Enfin, dans ce contexte budgétaire difficile, il y aura un enjeu d’autant plus important à ce que les filières industrielles se structurent pour diminuer le coût de ces investissements. 

 

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