À mi-chemin vers 2030, l’Europe doit stimuler les investissements climat
Dans un contexte géopolitique en mutation, l’Europe dispose d’une opportunité unique de conjuguer action climatique et compétitivité industrielle. Comme l’a souligné Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité européenne, cet objectif ne pourra être atteint que si les ambitions de décarbonation s’accompagnent d’un véritable sursaut d’investissement. La Commission européenne s’est inscrite dans cette dynamique en s’engageant à devenir une « Commission de l’investissement », tout en réaffirmant sa détermination à respecter les objectifs de réduction des émissions pour 2030 et à maintenir le cap vers la neutralité climatique à long terme.
Mais l’Europe est-elle en bonne voie pour tenir ses objectifs 2030 ? Cette deuxième édition de notre rapport sur l’État des lieux des investissements climat en Europe propose un tour d’horizon des investissements dans la transition climatique. Des progrès ont été réalisés, mais l’écart reste important. En 2023, les investissements climat dans l’UE ont atteint 498 milliards d’euros, loin des 842 milliards nécessaires chaque année pour respecter les objectifs de 2030, laissant un déficit de 344 milliards d’euros.
Et les premières projections pour 2024 ne sont guère encourageantes : les investissements dans des secteurs clés comme l’éolien, la rénovation des bâtiments ou les véhicules électriques pourraient même reculer. Les investissements dans la production de technologies propres progressent, mais les capacités de production européennes peinent à répondre à la demande, mettant en péril le développement de nombreux projets. Sans stratégie d’investissement adaptée, les politiques climat ne produiront pas les résultats escomptés, et reporter les mesures ne fera qu’en augmenter le coût.
Les négociations à venir sur le prochain budget de l’UE constituent une opportunité d’engager un débat plus large sur une stratégie européenne de financement climat de long terme. Les plans nationaux énergie-climat (PNECs) pourraient aussi jouer un rôle clé : jugés récemment globalement alignés avec les objectifs européens 2030 par la Commission européenne, ils pourraient évoluer vers de véritables plans d’investissement nationaux. Ce rapport entend nourrir ces débats avec une analyse indépendante des investissements climat en Europe.