Le potentiel inexploité des revenus du carbone

Les négociations sur le climat se déroulent la semaine prochaine à Bonn, et le financement est une fois de plus à l’ordre du jour.

 

La COP 29 s’est achevée l’année dernière sur un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), qui remplace l’objectif de 100 milliards de dollars. La décision du NCQG a mis en avant l’engagement des pays développés à fournir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement, ainsi qu’une proposition de travailler sur une feuille de route pour augmenter le financement climatique pour les pays en développement afin d’atteindre un niveau plus proche des besoins estimés – la « feuille de route de Bakou à Belem à 1,3T » (1300 milliards de dollars). Cette dernière doit être présentée à la fin de l’année lors de la COP 30, et la présidence brésilienne déploie des efforts considérables pour faire aboutir ce processus.

 

Pourtant, le contexte économique et géopolitique mondial actuel rend la situation de plus en plus complexe pour le climat international et le financement du développement. Les coupes dans l’aide publique au développement et le financement du climat se sont succédées depuis l’entrée en fonction de la nouvelle administration Trump aux États-Unis. En Europe, l’attention croissante portée à la compétitivité et à la sécurité, combinée aux contraintes budgétaires dans plusieurs pays, a déjà un impact sur les investissements climat européens. Les pays émergents et en développement, quant à eux, sont également confrontés à une marge de manœuvre budgétaire de plus en plus limitée, et à un poids de la dette qui entrave leur capacité à investir dans le climat et le développement.

 

Dans ce contexte difficile, il est plus que jamais essentiel d’explorer divers outils politiques pour mobiliser et aligner les flux financiers. Les instruments de tarification du carbone et leurs revenus font partie des outils disponibles qui peuvent contribuer à cet objectif. L’édition 2025 des Comptes mondiaux du carbone, lancée cette semaine dans le cadre de la conférence Innovate4Climate 2025 à Séville, donne un aperçu du potentiel actuel et inexploité des recettes issues de la tarification du carbone pour soutenir une série d’objectifs politiques. 103 milliards de dollars de revenus collectés en 2024, 56% des revenus utilisés pour des objectifs d’environnement et de développement, et au moins 75 milliards de dollars de revenus non perçus… Voici quelques-uns des chiffres-clés que vous découvrirez en lisant la nouvelle édition des Comptes mondiaux du Carbone d’I4CE.

 

 

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Diana CÁRDENAS MONAR
Diana CÁRDENAS MONAR
Chercheuse – Outils pour le financement de la transition à l'international Email
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    « À quel accord les négociateurs parviendront-ils ? » est la question que tous ceux qui travaillent sur le climat se posent généralement à cette période de l’année. Pourtant, cette fois, ce n’est pas d’un accord que l’on espère que la COP30 accouche, mais d’une impulsion. En effet, 10 ans après l’Accord de Paris, l’heure n’est plus à la négociation de nouveaux engagements, mais bien à leur mise en œuvre, comme en témoigne la volonté affichée par la présidence brésilienne de la COP30 de faire de cette édition «  the implementation COP ».  Sur la question du financement, les objectifs fixés lors de la COP29 sont clairs : les pays en développement devraient recevoir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 des pays développés (NCQG), et réussir à mobiliser 1 300 milliards de dollars par an de la part de tous les acteurs. La feuille de route « de Bakou à Belém » qui vient d’être publiée liste justement des mécanismes potentiels pour accroitre ces financements. Nous avons donc des objectifs, et une liste de moyens (théoriques) pour les atteindre. Comment passer à la mise en œuvre ?  

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  • 28/10/2025
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    Dix ans après l’adoption de l’Accord de Paris, quels progrès ont été réalisés en ce qui concerne l’alignement des flux financiers sur une trajectoire de développement bas-carbone et résilient au changement climatique (l’ambition énoncée à l’article 2.1(c) ) ? Comment faire avancer les choses ? En l’absence d’une évaluation exhaustive des progrès réalisés , cet article s’appuie sur les analyses existantes, et examine les efforts déployés par les gouvernements et le secteur financier pour aligner les flux financiers avec les objectifs climat. Il met en évidence une évolution du débat vers une approche plus axée sur l’action au niveau des pays, ainsi que sur les besoins réels en matière d’investissements. Enfin, il explore les moyens de surmonter les obstacles actuels à l’action, malgré un contexte politique global peu propice. Les auteurs préconisent de ne pas considérer l’article 2.1(c) comme une disposition isolée, mais bien comme un élément qui nécessite la mise en œuvre intégrale de toutes les dispositions de l’Accord de Paris. Ils appellent également à ce que la focale de l’agenda de la finance climat se déplace de l’annonce d’objectifs vers la mise en œuvre d’actions concrètes, et proposent des pistes pour que la COP30 de Belém contribue à cette réorientation.

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