Evaluer la durabilité du système alimentaire français : enjeux méthodologiques et résultats

Pour en savoir plus sur la méthodologie employée par I4CE pour évaluer la contribution des flux de financement à l’émergence d’un système alimentaire durable, ce document technique vous la présente et identifie ses limites et les principaux défis méthodologiques pour l’avenir.

 

La transition du système alimentaire français vers un mode de développement durable est indispensable du point de vue de l’atténuation du changement climatique, de l’adaptation aux conséquences du changement climatique, de la préservation de la biodiversité, des sols et des eaux, de la préservation de la santé des agriculteurs et des consommateurs, etc. Cette transition est cependant complexe à mettre en œuvre, notamment compte tenu du contexte économique des acteurs de la chaîne alimentaire.

 

Parmi les différents leviers disponibles pour piloter cette transition se trouve le levier financier. Dans le décryptage des financements du système alimentaire français, nous avons dressé une première estimation des montants de flux de financements qui traversent le système alimentaire et de leur contribution à la durabilité. Nous en tirons notamment l’idée qu’activer le levier financier comporte deux volets : financer les investissements pour transformer les moyens de production de long terme, et sécuriser les revenus des modes de production durables pour qu’ils soient économiquement rentables.

 

Dans ce document de travail, nous mettons en discussion la méthodologie que nous avons employée pour évaluer la contribution des flux de financement à l’émergence d’un système alimentaire durable.

 

Nous identifions les défis méthodologiques suivants :

 

  • la définition d’un périmètre clair et consensuel du système alimentaire, des maillons qui le composent, et des flux financiers à étudier.
  • la définition consensuelle d’un système alimentaire durable, qui satisfasse simultanément des objectifs d’ordre environnementaux, sociaux et économiques.
  • l’évaluation des financements par rapport à cet objectif de système alimentaire durable, sachant que :
    • les informations concernant les projets et produits financés sont incomplètes et notre connaissance des niveaux de financements requis pour atteindre un système alimentaire durable quasi inexistante.
    • à la différence du secteur de l’énergie par exemple où l’objectif est de remplacer entièrement les sources fossiles par des sources renouvelables, un système alimentaire durable se caractérise par un ensemble d’équilibres complexes, rendant difficile la distinction entre des financements favorables ou défavorables à la transition.

 

Cliquez sur ce bouton pour voir l’image

 

Face à ces défis, nous proposons une méthodologie dont nous présentons ici les résultats. Nous séparons l’évaluation de la durabilité des dépenses des ménages de tous les autres types de financements : subventions publiques, prêts, apports de fonds propres, obligations, et dons.

 

Pour tous ces types de financements, nous évaluons la compatibilité des critères employés par les différentes institutions pour attribuer leurs financements aux  entreprises de la chaîne alimentaire. Les résultats obtenus doivent alors être interprétés comme une évaluation des intentions explicites des guichets de financements plutôt qu’une évaluation de leur contribution effective à la transition.

 

• Une grande partie des financements publics sont encore fléchés selon des critères incohérents avec la transition vers un système alimentaire durable.

• Les financements des investissements hors subventions réalisés dans la chaîne alimentaire sont largement opaques et trop peu assortis de critères de durabilité.

 

Cette évaluation des critères de financement ne s’appliquant pas aux dépenses alimentaires des ménages, nous explorons une méthodologie portant sur ce qui est effectivement financé par les ménages. Les résultats de cette évaluation étant particulièrement dépendants d’un indicateur non consensuel, ceux-ci ne nous semblent pas suffisamment robustes pour identifier une part des dépenses totales actuelles qui serait « durable ». Le travail réalisé permet néanmoins de tirer l’enseignement suivant :

 

• Les dépenses alimentaires des ménages sont encore très éloignées des recommandations des trois scénarios.

 

Au-delà de résultats relativement généraux, ce document de travail a vocation à ouvrir le débat autour de l’évaluation de la durabilité du système alimentaire français, et en particulier autour de la méthodologie à employer.

Evaluer la durabilité du système alimentaire français : enjeux méthodologiques et résultats Télécharger
Contacts I4CE
Claudine FOUCHEROT
Claudine FOUCHEROT
Directrice du programme Agriculture et forêt Email
Hadrien HAINAUT
Hadrien HAINAUT
Chef de projet – Investissement Email
Lucile ROGISSART
Lucile ROGISSART
Cheffe de projet – Agriculture et alimentation et Financement public Email
Pour aller plus loin
  • 17/05/2023
    Agriculture : la stratégie du consom’acteur atteint ses limites

    Il n’y aura pas d’agriculture durable ni de bonne santé nutritionnelle sans changement des régimes alimentaires. C’est à la fois une certitude et un défi d’ampleur. Or, la stratégie implicite ou explicite des décideurs publics français pour mener à bien cette transition alimentaire repose sur le pari du consommateur responsable, ou « consom’acteur », et cette stratégie ne produit pas les résultats escomptés. On observe certes quelques évolutions positives, mais on ne peut que constater que la consommation de viande ne baisse plus depuis près de 10 ans ou que les recommandations nutritionnelles restent lettre morte. Alors même qu’une majorité de Français déclare avoir réduit sa consommation de viande. Et qu’une majorité encore plus écrasante estime ses pratiques alimentaires exemplaires du point de vue de l’environnement.

  • 17/04/2023 Billet d'analyse
    Les décideurs publics doivent changer leurs récits sur la transition alimentaire

    Il n’y aura pas d’agriculture durable ni de bonne santé nutritionnelle sans changement des régimes alimentaires ; et ceci constitue un défi d’ampleur. Or la stratégie mobilisée jusque-là en France pour mener cette transition alimentaire, et qui repose sur le pari du consommateur responsable, ou « consom’acteur », ne produit pas les résultats escomptés. Dans ce billet de blog, I4CE et l’IDDRI insistent sur la nécessité d’une action publique beaucoup plus forte pour être à la hauteur des enjeux – en parallèle de l’étude de l’IDDRI (Brocard & Saujot, 2023) consacrée à la future Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Celle-ci ne viendrait pas peser davantage sur les citoyens en restreignant leurs libertés individuelles(1) ou en leur demandant plus d’efforts, mais s’exercerait à l’inverse sur les principaux acteurs qui façonnent les pratiques alimentaires.

  • 24/02/2023
    Transition de l’élevage : Planifier plutôt que subir

    Le Salon International de l’Agriculture s’ouvre demain à Paris après une année 2022 qui aura particulièrement ébranlé les filières de l’élevage en France. Sécheresse, augmentation du prix des intrants, crise sanitaire, le secteur est en difficulté et on comprend aisément que la gestion de ces crises soit au cœur des préoccupations. Mais cela ne doit pas empêcher de parler de l’avenir de l’élevage. Or, on voit bien que ce n’est pas si simple. Entre ceux qui aspirent à une redynamisation du secteur et ceux qui, moins vocaux et assurément plus cyniques, se disent que ces crises et la réduction des cheptels qui en résulte auront le mérite de faciliter l’atteindre les objectifs climatiques, il reste peu de place pour discuter des vrais problèmes.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer