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Transformer davantage les modèles économiques dans le secteur privé

20 décembre 2024 - Étude Climat - Par : Emmanuelle TRICHET

Rapport uniquement disponible en anglais

 

Méthodologies pour la fixation d’objectifs et l’évaluation de l’alignement climatique :
État actuel et perspectives d’avenir pour une meilleure prise en compte de la nature et plus de résilience

 

Les acteurs économiques sont confrontés à des pressions croissantes pour transformer leurs modèles économiques face à de multiples enjeux (soutenabilité, leadership technologique, contrôle des ressources naturelles, etc.), tout en renforçant compétitivité et résilience.

 

2024 est la première année à dépasser 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels ; les pertes liées aux catastrophes naturelles mondiales – principalement dues aux catastrophes météorologiques – sont en tendance en augmentation (Munich Re, 2024).

 

Les acteurs économiques devraient davantage tirer parti des dernières avancées scientifiques afférentes aux questions climatiques et les contraintes en matière de ressources naturelles pour évaluer les risques et les opportunités, en vue de politiques favorisant innovation, résilience et compétitivité des modèles économiques.

 

L’Accord de Paris fixe l’objectif de « rendre les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient au changement climatique », ce que l’on appelle généralement « l’alignement » des investissements et des financements (CCNUCC 2015, OCDE 2024). En Europe, l’investissement annuel supplémentaire nécessaire est estimé à 620 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs européens du Pacte vert et de l’Ajustement à 55 – 400 milliards d’euros par an pour les systèmes énergétiques, les bâtiments et les transports (PSF 2024, I4CE 2024). La plus grande partie devrait provenir de financements privés. Cela implique de réorienter les actifs des acteurs financiers et de créer une union des marchés de capitaux ; en termes comptables, 2 % des quelques 33 000 milliards d’euros d’épargne européenne devraient être réorientés chaque année.

 

Les acteurs privés et publics se sont mobilisés pour développer diverses méthodologies qui offrent des perspectives complémentaires en matière d’alignement climatique. Les méthodologies contribuent à orienter l’allocation des capitaux, les décisions de financement et d’investissement au sein de l’économie et à encourager la transition des entreprises et des secteurs. Elles fournissent des orientations générales sur la manière d’évaluer la performance climatique et/ou sont plus pratiques, en étant fondées sur des données qualitatives ou quantitatives. Elles permettent de définir des trajectoires de réduction du budget carbone dans le temps à partir de scénarios d’atténuation du changement climatique conformes aux objectifs de l’Accord de Paris, afin de définir des objectifs, mesurer les progrès et concevoir des plans stratégiques en conséquence.

 

Ce document fournit aux décideurs un aperçu de l’état actuel de la réflexion sur les méthodologies d’alignement, les pistes d’amélioration et les actions ciblées pour parvenir à un développement durable. Il recommande aux acteurs économiques et aux fournisseurs de méthodologies d’explorer les opportunités plus larges qui découlent d’une plus grande cohérence entre les approches climat et nature afin de définir des stratégies encore plus cohérentes et résilientes :

 

1. Les méthodologies d’alignement ont élargi leur approche de l’évaluation de l’alignement des émissions de gaz à effet de serre et des activités à celle des plans de transition, en mettant l’accent sur le financement de la réduction de ces émissions plutôt que sur les réductions d’émissions financées.

 

2. Cette évolution vers l’évaluation des plans de transition qui repose sur une approche multidimensionnelle représente une opportunité pour prendre davantage en compte les contraintes afférentes aux ressources naturelles et l’adaptation en amont, en vue de définir des stratégies d’alignement plus résilientes.

 

3. Les transformations sectorielles pourraient être davantage encouragées dans la transition zéro émission nette (et méthodologies afférentes), dans les limites planétaires, en particulier en développant de nouveaux modèles d’économie circulaires, à des fins de plus grande autonomie stratégique, résilience et compétitivité.

 

4. Les progrès réalisés pour mieux saisir les efforts de décarbonisation et les impacts réels devraient également être suivis.

 

5. De même, les choix méthodologiques complexes et hypothèses sur lesquelles reposent les méthodologies, et qui influencent les résultats d’alignement pour un actif financier ou un acteur économique, supposent encore des améliorations.

 

6. Les concepteurs de méthodologies devraient assurer une plus grande transparence, comparabilité, interopérabilité et convergence relative des meilleures pratiques.

 

7. Au-delà, les acteurs économiques et les fournisseurs de méthodologies devraient tenir compte des dernières connaissances scientifiques pour orienter les stratégies et accroître les synergies en vue de co-bénéfices et de plus grande résilience, indispensable à une compétitivité future.

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Emmanuelle TRICHET
Emmanuelle TRICHET
Directrice de programme – Transition et innovation des entreprises Email
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