7 milliards pour le climat, le compte est bon ?

21 juillet 2023 - Édito de la semaine - Par : Damien DEMAILLY

« Un investissement inédit de l’État pour la transition écologique ». C’est ainsi que la Première ministre a présenté la hausse de 7 milliards d’euros des aides à la rénovation des bâtiments, aux transports en commun, aux véhicules électriques ou encore à la transition agricole dans le futur budget 2024 de l’État. Inédite, cette hausse l’est en effet. Il n’y a guère que la crise du COVID et son Plan de relance pour avoir – momentanément – conduit à une hausse aussi importante des crédits pour la transition. L’effort est donc à saluer.

 

La hausse est inédite, mais est-elle suffisante ? Est-elle alignée, comme l’avance le Gouvernement, avec les conclusions du rapport Pisani-Mahfouz ? Oui, elle est alignée avec ces travaux… à deux conditions. La première est que l’enveloppe budgétaire continue à croître après 2024. L’annonce de 10 milliards d’autorisations d’engagement supplémentaires dans le budget 2024 va dans ce sens, tout comme la promesse de la Première ministre de définir une trajectoire de financement sur plusieurs années. Seconde condition et pas des moindres : intégrer les collectivités locales, qui sont en première ligne des investissements à réaliser, dans cette nouvelle donne budgétaire. L’équation financière les concernant est à ce jour irrésolue, et nécessitera de mobiliser tous les leviers à leur disposition dans un cadre nouveau à définir avec l’État.

 

Chaque jour on en apprend un peu plus sur le détail des 7 milliards et sur le budget que le Gouvernement proposera au Parlement pour la transition écologique. Et cela va continuer jusque fin septembre et le début du marathon budgétaire. Qui va en bénéficier? Pour faire quoi exactement ? Ces détails seront à scruter de près, pas seulement pour s’assurer que les milliards annoncés sont présents mais aussi pour vérifier que cet argent sera utilisé efficacement. Et qu’il sera utilisé pour accompagner la transition de ceux qui en ont le plus besoin, au premier rang desquels les classes moyennes et populaires. Ces 7 milliards, en effet, nous obligent : ils nous obligent à l’efficacité et à la solidarité.

 

Nous vous donnons rendez-vous à la rentrée, après la pause estivale, pour de nouvelles analyses sur le financement de la transition et sur le budget 2024 de la France. En attendant, nous vous invitons à redécouvrir dans cette newsletter nos dernières publications sur le financement de la rénovation des logements, de la mobilité ou encore de la transition agricole. Bonnes vacances !

 

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Pour aller plus loin
  • 11/12/2024
    Consultation PNACC – Cahier d’acteur I4CE

    Après deux années de travaux préparatoires, le projet du troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) a été présenté en octobre 2024. Afin d’enrichir ce Plan, une large consultation publique a été lancée, invitant les acteurs institutionnels à soumettre un « cahier d’acteur ». I4CE a souhaité déposer un cahier qui reflète l’avis de l’institut sur les avancées apportées par le Plan et les faiblesses identifiées. Il s’appuie sur la participation d’I4CE aux différents groupes de travail constitués pour préparer le PNACC3, sur les études menées par I4CE et sur les expertises sectorielles internes.

  • 11/12/2024 Billet d'analyse
    Le point dur du PNACC3 : la question des moyens

    Le troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3), fruit de deux ans de travaux préparatoires, est enfin en consultation. Ce document propose une vision relativement complète des défis que pose l’adaptation, de l’état des actions en cours et des pistes d’actions complémentaires. Il ancre notamment une idée centrale : celle de faire de la TRACC la référence commune pour toutes les démarches d’adaptation au changement climatique : elle doit permettre d’instaurer un « réflexe adaptation » dans toutes les politiques et tous les investissements sensibles au changement climatique (cf. le cahier d’acteur I4CE pour notre analyse de cette dynamique). En revanche, ce projet de PNACC reste relativement succinct sur le volet économique : il ne contient ni vision d’ensemble des moyens actuellement engagés pour l’adaptation ni de vrai budget associé aux mesures. Pourtant nos travaux récents montrent que si les montants de l’adaptation dépendront avant tout des choix collectifs qui restent à faire, des moyens sont d’ores et déjà nécessaires pour (1) accompagner les différents acteurs (administrations, collectivités, entreprises, ménages) dans leurs démarches et (2) prendre en charge les premiers besoins déjà exprimés notamment en matière de prévention des risques. Deux points sur lesquels le PNACC ne répond que très partiellement et sur lesquels nous revenons dans ce billet.

  • 06/11/2024 Tribune
    Adaptation au changement climatique : les décisions difficiles restent devant nous

    Le gouvernement a mis en consultation son plan national d’adaptation au changement climatique. Celui-ci constitue une avancée notable car il entérine la nécessité de réfléchir en tenant compte des évolutions possibles du climat. Cela n’empêche pas les décisions difficiles à prendre. Les inondations dans le Var qui ont nécessité l’intervention de l’armée. Les inondations meurtrières en Espagne . Ces événements tragiques, et leur coût humain et économique, nous rappellent que nous ne sommes pas prêts à faire face au climat qui change. Nos territoires, nos infrastructures, nos bâtiments ne sont pas prêts. Pas plus en France qu’en Espagne, ou ailleurs en Europe.

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