Réussir le Pacte Industrie Propre : Un pas en avant pour une politique industrielle verte, ou un nouvel obstacle ?

19 septembre 2024 - Étude Climat - Par : Ciarán HUMPHREYS

Rapport disponible uniquement en Anglais 

Contexte. Les plus grandes économies du monde se tournent vers une politique industrielle verte pour soutenir leur production de technologies propres et accélérer leur décarbonation, leur compétitivité et leur résilience économique. Dans cette course aux technologies propres, l’UE est confrontée à plusieurs désavantages, notamment des coûts énergétiques et salariaux plus élevés, un environnement d’investissement moins dynamique, et les impacts de l’Inflation Reduction Act et du Made in China 2025.

 

La politique industrielle verte de l’UE a besoin d’améliorations. Les tentatives répétées de lancer des mesures pour soutenir la production de technologies propres ont laissé l’Europe avec un patchwork de politiques, sans stratégie claire. Pendant ce temps, le financement public n’est pas correctement ciblé ni conçu pour répondre aux besoins du marché. La dernière tentative, le Plan industriel du Pacte vert, n’a pas amélioré la situation.

 

Le Pacte Industrie Propre risque de répéter les mêmes erreurs. Dans le cadre de sa candidature réussie pour un second mandat à la présidence de la Commission, Ursula von der Leyen a annoncé un Pacte Industrie Propre. Ce pacte contient un large éventail de mesures, dont beaucoup ne sont que vaguement liées à l’industrialisation verte. Bien qu’il y ait des éléments encourageants dans ce pacte, il y a un risque que l’UE ajoute simplement une nouvelle couche à une architecture déjà complexe.

 

L’UE doit s’appuyer sur ce qui fonctionne. L’UE dispose des outils et des structures nécessaires pour une politique industrielle verte efficace. Les Clean Industrial Dialogues sont un modèle solide de forums pour la collaboration avec le secteur privé, qui peut être approfondi. Le Fonds d’innovation et le soutien de la BEI (Banque européenne d’investissement) sont des exemples de bonnes pratiques sur lesquels s’appuyer. Enfin, les outils réglementaires tels que les critères de durabilité et de résilience, ainsi que les mécanismes de financement comme les enchères à prime fixe et les garanties de prêt, peuvent être mieux utilisés.

 

Pour réussir le Pacte Industrie Propre, la Commission devrait :

 

  • Être claire sur l’objectif principal du Pacte Industrie Propre – soutenir la décarbonation de l’Europe.
  • Créer une gouvernance renforcée pour le Pacte Industrie Propre et le Plan industriel du Pacte vert, avec une collaboration structurée entre le vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle et le vice-président exécutif pour une transition propre, juste et compétitive. Mieux utiliser les Clean Industrial Dialogues et les Alliances industrielles européennes pour s’assurer que la politique industrielle est alignée sur les besoins du secteur.
  • Le Pacte Industrie Propre devrait établir une nouvelle référence pour une politique efficace de l’UE. Lors du prochain mandat, introduire des mesures renforçant les critères de durabilité et de résilience dans les marchés publics et améliorant le marché unique pour les technologies propres.
  • Lancer un plan d’investissement dans les technologies propres, principalement dirigé par la BEI et le Fonds d’innovation, pour fournir un soutien ciblé à la production de technologies propres.
  • Soutenir les États membres dans leurs investissements dans la compétitivité européenne, en permettant des flexibilités dans le cadre de la gouvernance budgétaire de l’UE et en utilisant les fonds non dépensés du FRR (Facilité pour la Reprise et la Résilience) pour soutenir la production de technologies propres.
Réussir le Pacte Industrie Propre : Un pas en avant pour une politique industrielle verte, ou un nouvel obstacle ? Télécharger
Contacts I4CE
Ciarán HUMPHREYS
Ciarán HUMPHREYS
Chercheur – Cleantech, Financement de l'innovation climat Email
Pour aller plus loin
  • 13/06/2025
    Le potentiel inexploité des revenus du carbone

    Les négociations sur le climat se déroulent la semaine prochaine à Bonn, et le financement est une fois de plus à l’ordre du jour. La COP 29 s’est achevée l’année dernière sur un nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), qui remplace l’objectif de 100 milliards de dollars. La décision du NCQG a mis en avant l’engagement des pays développés à fournir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour les pays en développement, ainsi qu’une proposition de travailler sur une feuille de route pour augmenter le financement climatique pour les pays en développement afin d’atteindre un niveau plus proche des besoins estimés – la « feuille de route de Bakou à Belem à 1,3T » (1300 milliards de dollars). Cette dernière doit être présentée à la fin de l’année lors de la COP 30, et la présidence brésilienne déploie des efforts considérables pour faire aboutir ce processus.

  • 11/06/2025
    Les comptes mondiaux du carbone 2025

    L’édition 2025 des Comptes mondiaux du carbone présente un panorama global des instruments de la tarification du carbone sous l’angle de leur contribution actuelle et potentielle au financement de l’action climatique et du développement, à un moment où des discussions majeures sur ces enjeux ont lieu au niveau international. Plusieurs juridictions utilisent déjà les revenus issus du carbone pour soutenir des objectifs politiques divers, notamment les efforts de décarbonation et le soutien aux acteurs économiques les plus affectés par la transition.

  • 06/06/2025
    À mi-chemin vers 2030, l’Europe doit stimuler les investissements climat

    Dans un contexte géopolitique en mutation, l’Europe dispose d’une opportunité unique de conjuguer action climatique et compétitivité industrielle. Comme l’a souligné Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité européenne, cet objectif ne pourra être atteint que si les ambitions de décarbonation s’accompagnent d’un véritable sursaut d’investissement. La Commission européenne s’est inscrite dans cette dynamique en s’engageant à devenir une « Commission de l’investissement », tout en réaffirmant sa détermination à respecter les objectifs de réduction des émissions pour 2030 et à maintenir le cap vers la neutralité climatique à long terme. 

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer