COP30 : Sur le financement, l’heure n’est plus à la négociation
« À quel accord les négociateurs parviendront-ils ? » est la question que tous ceux qui travaillent sur le climat se posent généralement à cette période de l’année. Pourtant, cette fois, ce n’est pas d’un accord que l’on espère que la COP30 accouche, mais d’une impulsion. En effet, 10 ans après l’Accord de Paris, l’heure n’est plus à la négociation de nouveaux engagements, mais bien à leur mise en œuvre, comme en témoigne la volonté affichée par la présidence brésilienne de la COP30 de faire de cette édition « the implementation COP ». Sur la question du financement, les objectifs fixés lors de la COP29 sont clairs : les pays en développement devraient recevoir 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 des pays développés (NCQG), et réussir à mobiliser 1 300 milliards de dollars par an de la part de tous les acteurs. La feuille de route « de Bakou à Belém » qui vient d’être publiée présente justement des mécanismes potentiels pour accroitre ces financements. Nous avons donc des objectifs, et une liste de moyens (théoriques) pour les atteindre. Comment passer à la mise en œuvre ?
Le papier que nous publions cette semaine, co-écrit avec Paul Watkinson, propose des leviers pour déplacer la focale des objectifs vers l’action. D’abord, poser l’équation financière que les pays doivent résoudre à l’aide de plans de financement, et renforcer, là où c’est possible, la mobilisation des ressources intérieures publiques. Ensuite, poursuivre la réforme de l’architecture financière internationale notamment en mettant l’accent sur le rôle crucial des banques publiques de développement – multilatérales comme régionales et, surtout, nationales. Enfin, préserver et augmenter la quantité comme la qualité des ressources les plus rares : les flux de subventions ord-Sud et Sud-Sud. Principalement issus des budgets d’aide publique au développement des pays développés – actuellement en diminution – ces flux peuvent également être alimentés par des mécanismes innovants, par exemple via des contributions de solidarité mondiale. Un groupe de travail co-dirigé par le Kenya, la Barbade et la France devrait présenter des avancées sur ce point lors de la COP30. Nous publierons dans quelques jours un rapport visant à informer les débats sur l’allocation des revenus issus de ces contributions de solidarité mondiale.
Même si la mise en œuvre de la transition se fera à l’échelle des pays, la COP et les processus de la CNUCCC ont un rôle essentiel à jouer pour impulser une dynamique positive. Dans un contexte international tendu, peu propice au multilatéralisme, ces forums peuvent fournir des mécanismes de coopération entre parties prenantes (comme le cercle des Ministres des Finances, crée par la présidence brésilienne de la COP30), ainsi que des cadres de transparence permettant de suivre les mesures mises en place par les gouvernements. Enfin, ils peuvent et doivent servir à partager et promouvoir les avancées concrètes des pays, qui contribuent à battre en brèche l’idée que le financement de la transition est un problème insurmontable.
