Collectivités : les tabous du financement de la transition

10 novembre 2023 - Édito de la semaine - Par : François THOMAZEAU

Il y a un paradoxe de plus en plus visible dans les discussions sur le financement public de la transition écologique. D’un côté la stratégie nationale bas carbone mise très gros sur des investissements massifs et rapides des collectivités locales dans de nombreux secteurs, comme les transports collectifs, les infrastructures cyclables ou encore la rénovation des écoles et autres bâtiments publics. Mais de l’autre personne ou presque ne cherche véritablement à savoir si elles ont les moyens de faire ce qu’on attend d’elles. Tout se passe comme si ce débat était un sujet réglé, et comme si les villes, intercommunalités, départements et régions, allaient naturellement faire  tout ce qu’il faut. Rien n’est pourtant moins sûr.

 

S’assurer de la convergence entre l’ambition climatique européenne et française et la capacité financière locale doit devenir une priorité : voilà le débat que le rapport publié par I4CE et La Banque Postale cherche à ouvrir et documenter avec, à l’appui, 4 scénarios de financement de l’accélération de l’action climatique des collectivités à horizon 2030. Dette, fiscalité locale sur les ménages et entreprises, tarification des services publics, dotations de l’État, efficacité de l’action publique, dépenses « vertes » et « brunes », arrêts ou reports de certains chantiers : ce sont tous ces sujets qui doivent être mis sur la table sans attendre.

 

Franchir le mur d’investissement climat est possible, mais à condition de changer des habitudes et parfois de briser des tabous, au sein de chaque collectivité et bien sûr de l’État, pilote revendiqué de la planification écologique. La construction en 2024 d’une « stratégie nationale de financement de la transition écologique » doit être l’occasion d’adopter de nouveaux réflexes : toutes les discussions concernant l’avenir de la décentralisation et des finances locales doivent désormais prendre en compte l’urgence climatique. De même, aucune feuille de route climatique ne sera traduite en action si elle ne repose pas sur une évaluation préalable de sa faisabilité financière par les collectivités. C’est à ce prix et à ce prix seulement que la feuille de route climatique de la France pourra passer de l’intention à l’action.

 

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Pour aller plus loin
  • 20/06/2025
    Les classes moyennes ont-elles (enfin) accès à la transition ?

    « La transition écologique est un luxe réservé aux riches », « elle n’est pas accessible à la majorité des Français ». Qui n’a pas pensé ou entendu cela lors d’une discussion sur les politiques climatiques ?  Acheter un véhicule électrique ?  C’est 10 000€ de plus qu’une voiture thermique. Remplacer son chauffage au gaz par une pompe à chaleur ? 15 000€. Rénover en profondeur son logement ? 50 000 € … Mais la transition écologique est-elle vraiment inaccessible économiquement pour les classes moyennes ?  Pour répondre à ces questions et éclairer le débat sur les aides publiques pour les ménages, I4CE publie sa deuxième édition de l’Observatoire des conditions d’accès à la transition écologique.

  • 20/06/2025 Billet d'analyse
    Quatre leviers pour relancer l’électrification des véhicules

    Dans ce billet, nous revenons sur les politiques mises en place au cours des dernières années pour favoriser le déploiement des véhicules électriques, et sur les limites qu’elles rencontrent. Nous identifions quatre leviers à actionner pour éviter l’impasse : poursuivre l’électrification des flottes professionnelles, maintenir la réglementation sur les constructeurs, stabiliser le bonus écologique et ne pas le débudgétiser, et enfin augmenter l’ambition d’un leasing social réformé pour les ménages modestes et les classes moyennes.

  • 20/06/2025
    Observatoire des conditions d’accès à la transition écologique pour les ménages, édition 2025

    Dans l’édition de cette année, nous avons évalué les indicateurs de manière rétrospective – sur dix ans dans le cas de la rénovation et cinq pour la mobilité électrique-, afin d’identifier les facteurs qui ont amélioré – ou détérioré – l’accessibilité économique des solutions de transition sur les dernières années. Nous présentons ces indicateurs pour deux ménages types : la famille Deschamps et la famille Villeneuve, toutes deux dans les classes moyennes, propriétaires de leur logement et dépendantes de la voiture au quotidien sur qui repose la question de l’accessibilité de la transition.

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