Un cadre pour l’Alignement avec l’Accord de Paris : Pourquoi, quoi et comment pour les institutions financières ?

19 septembre 2019 - Étude Climat - Par : Alice PAUTHIER / Dr. Ian COCHRAN

Depuis l’adoption de l’Accord de Paris, les institutions financières et autres acteurs économiques se sont engagés à « aligner » leurs activités avec les objectifs définis par les gouvernements nationaux en 2015. De nombreux travaux de chercheurs et praticiens ont été publiés sur « l’Alignement » avec les objectifs de l’Accord de Paris, mais à ce jour, aucun cadre n’a été proposé pour définir ce que cela signifie et implique concrètement. Ce document de travail rédigé par I4CE vise à combler ce manque et à proposer un cadre qui peut être utilisé par les institutions, gouvernements et entreprises pour développer leurs stratégies d’alignement.

 

Dans le cadre d’une étude menée conjointement avec le think tank Climate Policy Initiative (CPI), ce document de travail propose un cadre qui peut être utilisé par les institutions financières qui cherchent à aligner leurs stratégies et leurs activités avec l’Accord de Paris. S’appuyant sur une analyse de la façon dont l’Accord de Paris a recadré l’action climatique – initialement centrée sur l’augmentation progressive à court terme des mesures d’adaptation et d’atténuation pour mettre l’accent sur la transformation profonde et à long terme des économies et des sociétés – I4CE a défini trois dimensions d’action dans son cadre de l’alignement :

  • Un large périmètre d’action : les institutions doivent s’efforcer de soutenir directement ou indirectement un développement à faibles émissions de GES et résilient au changement climatique dans tous leurs domaines d’activité et prendre en compte les impacts de leurs activités sur les systèmes et chaînes de valeur dans leur ensemble.
  • Un horizon temporel long pour guider l’impact : les institutions doivent donner la priorité aux activités qui sont conformes aux objectifs climatiques à court et long terme et qui n’entraînent pas d’effet de « lock-in » de GES ou de mal-adaptation.
  • Une échelle de contribution ambitieuse : les institutions doivent activement contribuer aux objectifs ambitieux de l’Accord par des activités qui :
    1. Ne sont pas préjudiciables : aucune activité ne doit ralentir ou aller à l’encontre de la réalisation des objectifs climatiques et toutes doivent être compatibles avec les trajectoires nationales de développement à faibles émissions de GES et résilient au changement climatique à long terme ;
    2. Soutiennent les co-bénéfices climatiques compatibles avec Paris : chaque fois que cela est possible, les institutions doivent donner la priorité aux activités ayant des co-bénéfices directs ou indirects en matière d’atténuation et d’adaptation qui sont compatibles avec la réalisation des objectifs de long terme de l’Accord de Paris ;
    3. Favorisent des impacts transformationnels : chaque fois que cela est possible, les institutions doivent donner la priorité aux activités ayant des « résultats transformationnels » qui permettent de lever des barrières et de soutenir les changements systémiques et structurels à grande échelle nécessaires à la transition des systèmes économiques, sociaux et naturels au niveau national et international.

 

Figure 1: La cible de l’Alignement : soutenir activement les transformations nationales et internationales à travers toutes ses activités

 

En outre, l’Alignement avec Paris devrait tenir compte des contextes nationaux et soutenir les trajectoires ou « visions » communes indiquant la manière dont les objectifs climatiques à long terme pourraient être atteints aux niveaux national et international.

 

Passant de la théorie à la pratique, le document applique le cadre au cas des institutions financières pour aider à comprendre les implications de l’Alignement avec l’Accord de Paris et l’intégration de ces considérations aux niveaux stratégique et opérationnel.

Ce travail a bénéficié du soutien financier de la Fondation Européenne pour le Climat.

 

***

À propos de l’étude conjointe

Mandaté par l’International Development Finance Club (IDFC) et soutenu par la Fondation européenne pour le climat (ECF), Climate Policy Initiative (CPI) et l’Institut de l’Economie pour le Climat (I4CE) ont mené un projet de recherche en deux parties, donnant lieu à un document de discussion (partie 1) et un rapport final (partie 2) sur « L’alignement avec l’Accord de Paris ».

 

La première partie est conduite par I4CE et établie un « Cadre pour l’Alignement avec l’Accord de Paris ».

La deuxième partie, conduite par CPI, identifie les changements que l’Accord de Paris implique pour le rôle des institutions financière du développement (IFD) – en particulier, les membres d’IDFC – et la manière dont ils peuvent mettre en œuvre ces changements.

 

Téléchargements :

  • Alignement sur l’Accord de Paris – Résumé exécutif conjoint de l’étude. I4CE – Institute for Climate Economics and Climate Policy Initiative (document en anglais)
  • Partie 1 : Un cadre pour l’Alignement avec l’Accord de Paris : Pourquoi, quoi et comment pour les institutions financières ? I4CE – Institut d’économie climatique est téléchargeable ci-dessous (document en anglais)
  • Partie 2 : « Implementing alignment recommendations for the International Development Finance Club » CPI peut être téléchargée ici
Pour aller plus loin
  • 11/12/2025 Billet d'analyse
    Le financement climatique à la COP30 : progrès, écueils, défis et perspectives d’avenir

    Il y a quelques semaines, la COP30 s’est achevée à Belém avec l’accord de toutes les parties sur une « mobilisation mondiale » (ou mutirão) contre le changement climatique, prouvant que le multilatéralisme reste une voie viable pour permettre l’action, malgré de forts vents contraires géopolitiques et économiques. Cependant, Belém a donné des résultats décevants : aucune feuille de route pour la transition vers l’abandon des combustibles fossiles, malgré une forte pression de plus de 80 pays, pas de décisions concrètes sur la déforestation, ce qui est décevant pour une « COP amazonienne », et des résultats mitigés sur l’objectif mondial en matière d’adaptation, entre autres. 

  • 28/11/2025
    La finance climat à Belém : une opportunité manquée pour la mise en œuvre – et des coalitions qui avancent malgré tout

    La COP30 s’est conclue par un accord, preuve que le multilatéralisme fonctionne encore, mais son contenu déçoit : aucune décision sur la sortie des énergies fossiles ni contre la déforestation, un bilan mitigé pour l’adaptation. Sur la finance climat, Belém n’a pas réussi à passer de l’ambition à la mise en œuvre. Les négociations ont vite dérivé vers une nouvelle bataille de chiffres. La décision de tripler les financements pour l’adaptation laisse un goût d’inachevé : horizon lointain (2035), absence d’année de référence et formulation peu contraignante. Surtout, la COP30 a manqué l’occasion de s’attaquer aux mesures concrètes identifiées dans la feuille de route de Bakou à Belém pour atteindre 1 300 milliards de financements en 2035. Elle a cependant lancé de nouveaux processus : programme de travail sur la finance climat et table ronde ministérielle sur le NCQG.  

  • 19/11/2025
    Comment les contributions de solidarité mondiale peuvent aider à combler le déficit de financement pour le climat et de développement

    The climate and development finance gap is large and widening, as Official Development Assistance (ODA) declines and needs multiply. With shrinking fiscal space in vulnerable countries, solidarity levies are gaining attention as a predictable source of international finance. Launched at COP28 by Barbados, France, and Kenya, the Global Solidarity Levies Task Force (GSLTF) is the main initiative in this space.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer