Financement climat : les pavés dans la mare

26 mai 2023 - Édito de la semaine - Par : Damien DEMAILLY

Le rapport Pisani-Ferry a jeté un premier pavé dans la mare en estimant à environ 30 milliards d’euros par an le besoin supplémentaire de dépenses publiques pour faire la transition climatique. Et un second pavé en explorant différentes options pour dégager une telle somme, telles que l’endettement et – ce qui a évidemment beaucoup fait parler – la hausse de la fiscalité sur les ménages aisés. Les membres du gouvernement qui ont réagi au rapport ont, malheureusement, omis de commenter le chiffre de 30 milliards. Mais ils ont largement commenté, et rejeté, la hausse de l’endettement et de la fiscalité pour financer ces dépenses.

 

L’option privilégiée par le gouvernement est claire : les économies budgétaires et en particulier la réforme des niches fiscales identifiées comme défavorables au climat. Ces taux réduits de taxation sur l’énergie pour de nombreux secteurs économiques coûteraient plus de 7 milliards par an à l’État selon le gouvernement. Jusqu’à trois fois plus avec d’autres méthodes, comme l’avait montré I4CE dans une étude à redécouvrir dans cette newsletter. Réformer ces niches a tout de la bonne idée, et il est heureux que le gouvernement s’y attelle à nouveau. Soyons lucides néanmoins : l’histoire récente nous enseigne que cette réforme prendra du temps et ne permettra pas de récupérer tout l’argent que coûtent ces niches. Et pas seulement parce que devant chaque niche il y a un chien qui aboie.

 

Il n’y a pas de baguette magique pour financer la transition et c’est pourquoi il est sain d’explorer et de débattre de toutes les options. Le gouvernement fait néanmoins le pari, aujourd’hui, de miser uniquement sur les économies budgétaires. Il doit dès lors préciser combien il espère économiser pour la transition, dès 2024 et pour les années qui suivent. Et, si les économies possibles ne collent pas avec les besoins identifiés par le rapport Pisani-Ferry, il doit expliquer comment il compte faire la transition avec moins d’argent public. Et donc, qui paiera si ce n’est pas l’État.

 

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Pour aller plus loin
  • 26/04/2024
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  • 24/04/2024 Billet d'analyse
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    La volonté du gouvernement de réduire rapidement le déficit public, sans augmentation d’impôts et donc en réduisant fortement la dépense publique, a fait une première victime : le budget de l’aide MaPrimeRénov’ accordée aux ménages pour la rénovation énergétique de leurs logements. Le marché de la rénovation globale étant encore peu structuré, notamment en matière d’accompagnement, l’État prévoit ne pas consommer l’enveloppe budgétaire actée en loi de finances et l’entérine dès ce début d’année. Mais la question de la dépense publique reviendra très vite sur la table, plusieurs rapports pointant un besoin de financements publics en forte hausse d’ici 2030. La bonne nouvelle est que le gouvernement peut espérer modérer ce besoin en mobilisant davantage les financements privés. La mauvaise est que pour cela il doit utiliser d’autres leviers de politique publique dont la mise en œuvre ne sera pas une mince affaire.

  • 03/04/2024 Tribune
    Comptes publics : n’écartons aucune option

    Pour redresser les comptes publics et assurer la planification écologique, le directeur de l’Institut de l’économie pour le climat, Benoît Leguet, estime que l’exécutif peut activer cinq leviers. « Nous avons mis en place une stratégie unique, pionnière, jamais mise en place dans un grand pays industriel : la planification écologique. Domaine par domaine, nous nous sommes fixé des objectifs et nous nous donnons les moyens de les atteindre. Notre feuille de route est claire : baisser de 55 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. ». Ces mots sont de Gabriel Attal, le 28 mars, au Muséum d’histoire naturelle.

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