État des lieux des investissements climat en Europe
Contexte
Chaque année, les ménages, les institutions publiques et les acteurs privés dépensent des milliards d’euros pour acquérir du capital et des biens de consommation durables tels que des bâtiments, des logements, des infrastructures de transport et des véhicules, des installations de production et de stockage d’énergie, des usines, etc. L’utilisation, la rénovation ou la construction de ces actifs constituent l’une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre. Comme ces actifs sont conçus pour durer plusieurs années, les acquérir aujourd’hui façonne l’économie de demain et les émissions de gaz à effet de serres futures de l’Europe.
En 2019, la Commission européenne a lancé le Pacte vert pour l’Europe, un plan visant à transformer l’économie, l’énergie, les transports et l’industrie vers un avenir plus durable. À travers divers objectifs sectoriels, plans d’action et cadres réglementaires, le Pacte vert vise à réduire les émissions de l’UE d’au moins 50 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Dans ce contexte, le rapport État des lieux des investissement climat en Europe évalue, chaque année depuis 2024, le volume annuel brut des investissements climat dans l’UE. Plus précisément, il recense l’ensemble des investissements dans les technologies nécessaires à la transition dans les secteurs de l’énergie, du bâtiment, des transports et de la fabrication de technologies propres (cleantech). Historiquement, ces secteurs représentent plus de 60 % des émissions de CO₂ équivalent dans l’UE (AEE, 2023). Le rapport estime également le déficit d’investissement climat, défini comme l’écart entre le rythme actuel des investissements en faveur du climat et les niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs 2030 fixés par le Pacte vert et la législation sectorielle européenne.
Ce rapport est mis à jour chaque année : les méthodes d’estimation peuvent évoluer en fonction de nouveaux objectifs européens ou de données plus récentes, et le périmètre d’analyse s’élargit également à mesure que de nouveaux secteurs sont intégrés. Par ailleurs, à moyen terme, le rapport analysera la répartition entre les financements publics et privés des investissements en faveur du climat, ainsi que les instruments financiers mobilisés.
Partenaire
Depuis la première édition en 2024, la European Climate Foundation (ECF) soutient la production du rapport.
Dernière édition du rapport (publiée en juin 2025) :
Dans sa deuxième édition, le rapport estime que les investissements en faveur du climat dans le secteur de l’énergie, du bâtiment, des transports et de la fabrication de technologies propres dans l’UE ont atteint 498 milliards d’euros en 2023 – soit 2,9 % du PIB de l’UE. Après plusieurs années de forte croissance, cela ne représente qu’une hausse de 1,5 % par rapport à 2022, signalant une quasi-stagnation.
Cette croissance globale masque toutefois des dynamiques contrastées selon les secteurs. D’un côté, les investissements en faveur du climat ont reculé dans le secteur du bâtiment, en raison du ralentissement des activités de construction et de rénovation des bâtiments ainsi que de la vente de pompes à chaleur. À l’inverse, les investissements dans les énergies renouvelables et les réseaux électriques – tirés par le solaire – ont augmenté de 17 % en 2023. Le secteur des transports a également enregistré une hausse de 8 %, principalement portée par l’adoption croissante des véhicules électriques à batterie. Les investissements dans la fabrication de technologies propres progressent eux aussi, mais leur production en Europe reste inférieure à la demande, mettant en péril une partie de ces actifs.
Alors qu’il faudrait en moyenne 842 milliards d’euros d’investissements par an pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE à horizon 2030, le rapport estime le déficit d’investissement climat de l’UE à 344 milliards d’euros en 2023. Les premières projections suggèrent que cet écart ne devrait pas se réduire en 2024, les secteurs clés tels que l’éolien, la rénovation des bâtiments et les ventes de véhicules électriques étant menacés de ralentissement.
À mesure que l’UE recentre son action sur la compétitivité et la résilience, le rapport rappelle qu’une politique en faveur du climat sans investissements suffisants ne peut pas atteindre ses objectifs, et que le coût de l’inaction continuera d’augmenter.
Figure 1 : Le déficit d’investissement climat de l’UE s’élève à 344 milliards d’euros, soit la différence entre les investissements climat effectués en 2023 (498 milliards d’euros) et les besoins d’investissements annuels sur la période 2025-2030 (842 milliards d’euros)

Édition 2024 du rapport
En 2022, les investissements climat dans les systèmes énergétiques, les bâtiments et le transport dans l’UE-27 ont augmenté de 9 %, atteignant 407 milliards d’euros – soit 2,6 % du PIB de l’UE. À un niveau plus détaillé, le rapport montre que les tendances d’investissement varient selon les secteurs couverts : si les investissements dans les panneaux solaires, les voitures électriques et les pompes à chaleur ont fortement augmenté, ceux dans l’énergie éolienne se sont effondrés en 2022, tombant à leur niveau le plus bas depuis au moins 2009.
Avec un besoin estimé à 813 milliards d’euros par an pour atteindre les objectifs climatiques de 2030, le niveau d’investissement observé en 2022 laisse apparaître un déficit d’investissement climatique de 407 milliards d’euros – soit 2,6 % du PIB de l’UE. En d’autres termes, l’économie européenne doit doubler son niveau d’investissement climatique pour être en mesure d’atteindre les objectifs 2030 de l’Union.

