Budget vert : facteurs de réussite pour sa mise en œuvre dans les États membres de l’UE

15 juin 2023 - Étude Climat - Par : Chloé BOUTRON

Les budgets nationaux, en tant que levier principal de l’action publique, doivent être « verdis » par les gouvernements pour réussir la transition vers des économies bas-carbone, résilientes, et durables. Ainsi, les processus de budgétisation doivent garantir que suffisamment de fonds soient consacrés aux activités vertes et que les fonds publics soient détournés des activités nuisibles à l’environnement. 

 

(Rapport uniquement disponible en anglais) 

 

La budgétisation verte consiste en un ensemble d’outils destinés à aider les gouvernements à aligner les budgets publics sur les objectifs climatiques et environnementaux. Depuis la mise en œuvre du premier exercice de budgétisation verte au Népal en 2011 (1) avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), plus de 60 pays, dont 12 États membres de l’Union européenne (UE), ont mis en œuvre cette pratique. Pourtant aujourd’hui, seuls des fonds limités sont alloués aux objectifs climatiques et environnementaux dans le monde, et les budgets nationaux soutiennent encore largement des activités nuisibles à l’environnement (par exemple, via des subventions aux énergies fossiles) (IEA 2023). 

 

La mise en œuvre ou l’amélioration de la budgétisation verte peut aider les États membres de l’UE à atteindre leurs objectifs climatiques et environnementaux. Pour favoriser l’adoption de cet exercice, la « Directorate-General for Economic and Financial Affairs » de la Commission européenne (DG ECFIN) a publié le « Green Budgeting Reference Framework » (GBRF) en 2020, un outil flexible et adaptable (2). De plus, un programme de renforcement des capacités multinational, le «EU Green Budgeting Training », a été lancé en 2021 à la demande des États membres. Il est financé par l’UE via le « Technical Support Instrument  » de la Commission, géré par la «Directorate-General for Structural Reform Support » (DG REFORM), et réalisé en coopération avec l’Institute for Climate Economics (I4CE) et Expertise France. 

 

Ce rapport présente les résultats de la formation à la budgétisation verte dispensée dans 23 États membres de l’UE (3). Il met en évidence les ressources et les opportunités qui facilitent la mise en œuvre du budget vert parmi ces pays : la volonté d’échanger sur les bonnes pratiques entre pairs, les exigences de l’UE pour développer des stratégies climatiques et environnementales qui fournissent un contexte pour le budget vert, et l’adoption de « performance budgeting » dans plusieurs pays. Ce rapport souligne également les défis à dépasser et propose des options afin de garantir que la budgétisation verte soit mise en œuvre de manière robuste, qu’elle soit intégrée dans les processus nationaux, qu’elle serve d’outil d’aide à la décision pour aligner les budgets sur les objectifs climat et environnementaux.  

 

Lorsqu’il est correctement mis en œuvre, le  « green budget tagging » – un outil important de budgétisation verte – peut fournir une image nette de la part d’un budget national qui est alignée, ou qui va à l’encontre, des objectifs climat et environnementaux nationaux, et peut informer sur les réformes des postes budgétaires, notamment les postes qui soutiennent des activités nuisibles à l’environnement. Toutefois, si les pays veulent connaître le montant des fonds publics nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques et environnementaux, ils doivent compléter la budgétisation verte par un plan de financement pour la transition incluant des estimations des besoins d’investissements.  

 

 

 


1 – https://www.npc.gov.np/images/category/climate_public_expenditure.pdf

2 – https://economy-finance.ec.europa.eu/economic-and-fiscal-governance/green-budgeting-eu_en

3 – Voir le tableau 2 en annexe du rapport pour la liste des pays participants 

Pour aller plus loin
  • 03/10/2024
    Climat : les données pour bien débattre du budget – Les dépenses publiques aujourd’hui et demain

    L’ouverture des débats budgétaires est chaque année l’occasion de se poser une série de questions : à combien s’élèvent les dépenses publiques pour le climat ? Que financent-elles ? Quels acteurs, publics et privés, en bénéficient ? Et surtout : comment ces dépenses devront évoluer demain ? Beaucoup de chiffres circulent, mais force est de constater qu’on peut facilement s’y perdre. Ce manuel est là pour vous aider à vous y retrouver et vous aider à bien débattre (ou à bien suivre les débats) du marathon budgétaire sur la transition climat. Nous y avons réuni les données qui nous semblent les plus importantes, et essayé de mettre en avant ce que l’on sait, ce que l’on ne sait pas encore, et les grands débats qui restent à arbitrer et sur lesquels des compromis devront être rapidement trouvés.

  • 03/10/2024 Tribune
    Anticiper les coûts de l’adaptation

    La nouvelle ministre de l’écologie porte dans son titre la «prévention des risques». Ce n’est pas une mission inédite de ce ministère et même l’une de celles pour lesquelles un de ses prédécesseurs, aujourd’hui Premier ministre, a laissé sa signature avec le fameux fonds de prévention des risques naturels majeurs dit « fonds Barnier ». Mais dans un contexte de changement climatique, on a envie de croire qu’il ne s’agit plus uniquement de gérer les risques que l’on a toujours connus mais bien de s’adapter au nouveau contexte climatique. Agnès Pannier-Runacher a d’ailleurs trouvé sur son bureau un projet de Plan national d’adaptation (le PNACC3) prêt à être mis en consultation.

  • 02/10/2024 Billet d'analyse
    Budget et climat : Pistes de réforme pour le projet loi de finances 2025

    Le budget 2024 avait – pour mettre en œuvre la planification écologique et donc accélérer les investissements climat, assurer notre sécurité énergétique et la résilience de notre modèle agricole – consacré une hausse inédite des dépenses publiques. La situation budgétaire s’est fortement détériorée depuis. Le Gouvernement précédent a réalisé des premières coupes en début d’année et, d’après les lettres de cadrage budgétaire, ces coupes devraient encore s’amplifier dans le projet de loi de finances 2025. 

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer