Pourquoi aligner son portefeuille financier sur une trajectoire bas-carbone pour gérer ses risques de transition ?

4 mai 2017 - Point Climat - Par : Romain HUBERT / Morgane NICOL / Dr. Ian COCHRAN

Les acteurs financiers sont aujourd’hui exposés à des risques de transition majeurs liés au changement climatique :

  • les risques climatiques physiques : ce sont les impacts financiers incertains qui résultent des effets du changement climatique sur les acteurs économiques et sur les portefeuilles d’actifs ;
  • les risques de transition : ce sont les impacts financiers incertains (positifs et négatifs) qui résultent des effets de la mise en place d’un modèle économique bas-carbone sur les acteurs économiques.

Les risques de transition sont caractérisés par une incertitude « radicale » sur la nature de la trajectoire bas-carbone (i.e. la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui restructure l’économie) et une incertitude plus « habituelle » sur les modalités de mise en oeuvre de cette trajectoire en termes économiques et sociaux.

La gestion des risques de transition bénéficierait d’un alignement des portefeuilles sur une trajectoire bascarbone :

  • un acteur économique est aligné sur une trajectoire 2°C lorsque la diminution progressive de ses émissions de gaz à effet de serre suit le rythme – spécifique aux activités opérées – correspondant à la trajectoire 2°C. Aligner un portefeuille sur une trajectoire bas-carbone signifie sélectionner progressivement – à l’intérieur d’un secteur ou d’une catégorie d’actifs financiers – les contreparties qui mettent en oeuvre les efforts de décarbonation croissants, requis sur leurs secteurs d’activités. Aligner un portefeuille sur une trajectoire 2°C est un processus progressif qui pourra être mis en place une fois qu’un volume suffisant d’actifs financiers seront alignés sur une trajectoire 2°C ;
  • l’alignement du portefeuille sur une trajectoire bascarbone peut limiter les risques de transition. En favorisant l’exposition aux contreparties qui adoptent une stratégie progressive et flexible d’alignement de leurs activités, cela réduit l’exposition aux actifs
    en retard sur le début de trajectoire sectorielle de décarbonation, sans pénaliser la performance future de l’actif en fonction des divers cas de poursuite de la trajectoire, et sans modifier drastiquement l’exposition sectorielle du portefeuille comparée au benchmark ; toutefois, cela ne peut réduire totalement l’exposition aux risques de transition (e.g. quand la contrepartie fait des choix stratégiques nécessaires et qui diminuent sa flexibilité face à des scénarios et trajectoires alternatifs).

Il y a plusieurs raisons de privilégier l’alignement bascarbone des portefeuilles pour gérer les risques de transition :

  • les stratégies usuelles de gestion des risques en finance (i.e. « transfert du risque » par couverture et assurance, ou « diversification ») ne suffiront pas à couvrir la majorité de l’exposition aux risques de transition. Pour réellement limiter l’exposition aux risques de transition, une stratégie d’alignement bas-carbone du portefeuille est préférable. Ceci est réalisable concrètement par « évitement » (i.e. éviter les actifs les plus exposés aux risques de transition) ou « engagement » (i.e. pousser la contrepartie à réduire son exposition) ;
  • la crédibilité d’une décarbonation de l’économie par rapport à une trajectoire business-as-usual est renforcée par plusieurs dynamiques (de politique climatique ; financière ; de marché) qui semblent pérennes ;
  • il existe une dynamique d’exigence réglementaire croissante pour l’alignement bas-carbone des portefeuilles.

La stratégie d’alignement sur une trajectoire bascarbone devrait être fondée sur une analyse prospective de l’impact financier de la trajectoire bas-carbone portant sur tous les actifs en portefeuille.

 

Pourquoi aligner son portefeuille financier sur une trajectoire bas-carbone pour gérer ses risques de transition ? Télécharger
Contacts I4CE
Romain HUBERT
Romain HUBERT
Chercheur – Risques climat, Acteurs financiers et adaptation Email
Dr. Ian COCHRAN
Dr. Ian COCHRAN
Conseiller Senior - Investissements Climat & Finance Email
Pour aller plus loin
  • 18/07/2025 Tribune
    Les taxes sur les transactions financières et l’avion au secours du développement et du climat

    Dans le débat budgétaire, l’aide publique au développement va être scrutée. Et critiquée. Dispendieuse, déconnectée des préoccupations de nos concitoyens, peu soucieuse de l’intérêt national… Il s’agit pourtant d’un investissement essentiel pour atteindre nos objectifs climatiques. Pour Benoît Leguet, il faut avant tout donner de la prévisibilité budgétaire à notre solidarité internationale.

  • 02/07/2025
    Financement climat et développement : passer de l’ambition à l’action ?

    La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) à Séville représente un jalon important pour la mise en œuvre des objectifs de développement (dont l’action climatique), dix ans après l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris. L’ « Engagement de Séville » adopté le 30 juin (en l’absence des États-Unis) se veut le signal d’une continuité dans le soutien en faveur d’un ensemble complet de mesures pour financer le développement. Il souligne aussi, cependant, l’écart entre les engagements pris à haut niveau et la réalité du terrain sur le financement à la fois du développement et de l’action climatique. Les travaux récents d’I4CE abordent deux problématiques sous-jacentes au passage de l’ambition à l’action.

  • 28/06/2025
    Comment l’intermédiation financière peut-elle mieux contribuer à la transition climatique ?

    Ce rapport vise à stimuler une meilleure utilisation de l’intermédiation financière par les banques publiques de développement (BPD) internationales. Les BPD doivent mieux travailler ensemble dans un cadre systémique, en identifiant les domaines par lesquels elles contribuent le plus au développement bas-carbone et résilient au changement climatique. Le rapport se concentre principalement sur l’intermédiation financière par le biais de prêts à des institutions financières publiques dans les pays en développement.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer