Réforme de la Banque mondiale : bientôt un nouveau pilote à bord

3 mars 2023 - Édito de la semaine - Par : Claire ESCHALIER

Après la démission soudaine mi-février de David Malpass, le président de la Banque mondiale choisi par Donald Trump, Washington a de nouveau surpris le monde jeudi dernier en proposant de nommer Ajay Banga, longtemps PDG de Mastercard, comme son successeur. Non seulement l’annonce a été très rapide, mais le profil controversé du candidat a également suscité une certaine perplexité. Son expérience limitée tant dans les projets d’aide publique au développement que dans la contribution à la lutte contre le changement climatique a alimenté une grande partie du scepticisme. Sa connaissance du secteur privé dans les pays du Nord et du Sud a cependant su rassurer. 

 

Avec un CV comme celui de Banga, mobiliser davantage de financements privés pour compléter les financements publics (ce qui est un objectif majeur de la réforme en cours de la Banque mondiale) devrait être un jeu d’enfant. Mais cela ne résoudra qu’une partie du problème : les ressources publiques sont rares et ne peuvent pas toujours être remplacées par des financements privés. Si les conditions appropriées sont en place, éoliennes et centrales solaires devraient toutes trouver des sponsors privés. Mais quels que soient les efforts déployés, il est peu probable que le secteur privé finance la profonde réforme réglementaire et institutionnelle du secteur de l’énergie qui est nécessaire dans de nombreux pays pour guider la transition.

 

Qu’est-ce que cela implique pour la réforme de la Banque mondiale et plus généralement du financement du développement ? Bien sûr, des efforts importants doivent être consacrés à combler les besoins de financement estimés à 1 000 milliards de dollars par an pour la transition des pays en développement autres que la Chine. Mais il sera indispensable d’accorder autant d’attention à la refonte du mode de fonctionnement des banques publiques de développement afin que l’impact de chaque euro dépensé soit maximisé. Cette réforme doit donc reconsidérer tous les types d’activités contribuant à répondre aux besoins d’investissement pour la transition des pays du Sud. Dans leur dernier rapport, Alice Pauthier et Aki Kachi (NewClimate Institute) présentent un exemple de la manière dont les institutions financières publiques internationales peuvent s’engager dans cette voie et passer progressivement d’une approche projet à une approche acteurs et une approche système, et aligner les systèmes financiers des pays en développement avec les objectifs climatiques mondiaux.

 

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    Financement climat et développement : passer de l’ambition à l’action ?

    La quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FFD4) à Séville représente un jalon important pour la mise en œuvre des objectifs de développement (dont l’action climatique), dix ans après l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) et de l’Accord de Paris. L’ « Engagement de Séville » adopté le 30 juin (en l’absence des États-Unis) se veut le signal d’une continuité dans le soutien en faveur d’un ensemble complet de mesures pour financer le développement. Il souligne aussi, cependant, l’écart entre les engagements pris à haut niveau et la réalité du terrain sur le financement à la fois du développement et de l’action climatique. Les travaux récents d’I4CE abordent deux problématiques sous-jacentes au passage de l’ambition à l’action.

  • 28/06/2025
    Comment l’intermédiation financière peut-elle mieux contribuer à la transition climatique ?

    Ce rapport vise à stimuler une meilleure utilisation de l’intermédiation financière par les banques publiques de développement (BPD) internationales. Les BPD doivent mieux travailler ensemble dans un cadre systémique, en identifiant les domaines par lesquels elles contribuent le plus au développement bas-carbone et résilient au changement climatique. Le rapport se concentre principalement sur l’intermédiation financière par le biais de prêts à des institutions financières publiques dans les pays en développement.

  • 21/02/2025
    Banques publiques de développement : vers plus d’ambition climatique

    La semaine prochaine, des représentants de banques publiques de développement et de leurs parties prenantes se retrouveront au Cap en Afrique du Sud pour la 5e édition du Sommet Finance en Commun (FiCS), pour discuter de l’alignement de toutes les activités des banques publiques de développement avec les Objectifs de développement durable, l’Accord de Paris et le Cadre mondial de la biodiversité. Rassemblant toutes les banques publiques de développement dans le monde, Finance en Commun représente environ 10% des investissements mondiaux de développement chaque année, qui doivent s’aligner avec des trajectoires de développement durable. Cette année, les discussions du FiCS auront lieu alors même que l’Afrique du Sud accueille la première réunion des ministres des finances et gouverneurs de banques centrales du G20, qui se concentrera cette année sur la solidarité, l’égalité et la durabilité.

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