« Dans les territoires, la conciliation entre orientation budgétaire et accélération de l’action environnementale repose sur une fiction »

28 juillet 2023 - Tribune - Par : François THOMAZEAU

François Thomazeau souligne le paradoxe entre l’injonction de la « planification écologique » à la décarbonation et les limites budgétaires imposées aux collectivités locales.

 

« Je peux le dire, nous avons un plan ». C’est avec cette formule qu’Élisabeth Borne a ouvert le Conseil national de la transition écologique du 12 juillet, au cours duquel a été présentée la stratégie de la France pour l’atteinte de la neutralité carbone. À cette occasion, une partie du voile a été levée concernant les modalités de financement de la transition envisagées par l’État, mais une partie seulement.

 

Reprenant à son compte le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz, Mme Borne a évalué le besoin total d’investissements supplémentaires à hauteur de 60 milliards d’euros par an, à répartir entre acteurs publics et privés. Un effort budgétaire inédit a été annoncé du côté de l’État, avec 7 milliards de crédits nouveaux inscrits dans le projet de loi de finances (PLF) 2024.

 

Une partie de ce montant viendra en soutien des collectivités territoriales par la pérennisation du « fonds vert » qui leur est réservé. Le gouvernement a également indiqué vouloir inscrire ces financements dans un cadre pluriannuel, élément indispensable pour rassurer les investisseurs, notamment locaux, et les pousser à agir.

 

L’inconnu du montant des dépenses

Néanmoins, les inconnues restent nombreuses dans l’équation, en particulier concernant la place qu’y prendront les collectivités, les moyens qu’elles doivent y consacrer et la meilleure façon de les financer. Elles sont en effet omniprésentes dans tous les plans d’action sectoriels du fait de leurs compétences en matière d’aménagement ou de mobilités.

 

Les collectivités sont également propriétaires de l’essentiel des bâtiments publics à rénover. Leur maillage territorial leur permet d’adapter les politiques nationales aux spécificités locales, ou encore d’entraîner et accompagner les acteurs publics et privés vers la décarbonation.

 

Mais elles vont devoir pour ce faire dépenser très vite beaucoup plus qu’aujourd’hui pour la transition écologique. Combien ? Nul ne le sait exactement. L’enjeu est pourtant considérable, et de nature à rebattre les cartes d’un certain nombre de choix budgétaires opérés par l’État et les collectivités elles-mêmes.

 

Lire l’article sur Le Monde

Contacts I4CE
François THOMAZEAU
François THOMAZEAU
Directeur de programme – Collectivités et Adaptation au changement climatique Email
Pour aller plus loin
  • 14/11/2025
    Climat : les collectivités outillées pour accélérer au prochain mandat

    À la veille du Congrès des maires, l’heure est au bilan pour les collectivités. Le mandat qui se clôture a été largement positif pour la transition des territoires. Grâce au volontarisme de leurs élus et techniciens, de nombreuses collectivités construisent depuis plusieurs années les territoires bas-carbone et résilients de demain. Beaucoup se sont aussi engagées dans une démarche de budgétisation verte visant à mieux faire rentrer l’évaluation de l’impact environnemental des choix politiques au cœur de la discussion budgétaire. En 2023, les collectivités ont ainsi investi près de 8 milliards d’euros pour développer les infrastructures de report modal, rénover leur patrimoine et électrifier leurs véhicules – soit une hausse de 42 % par rapport à 2017.  

  • 14/11/2025 Billet d'analyse
    Climat : où en sont les investissements des collectivités ?

    Porteuses des deux tiers de l’investissement public civil, les collectivités locales jouent un rôle déterminant pour réussir la transition bas-carbone. Le prochain mandat municipal sera décisif pour atteindre les objectifs climat que la France s’est fixée à l’horizon 2030.  À l’heure des débats sur le projet de loi de finances 2026 et à la veille du Congrès des maires, les marges de manœuvre budgétaires des territoires suscitent de nouvelles interrogations. Les analyses d’I4CE montrent que les investissements des collectivités en faveur du climat ont progressé depuis 2017, mais cette dynamique pourrait marquer le pas en cette fin de mandat. Par ailleurs, les montants engagés demeurent encore insuffisants au regard des besoins identifiés pour contribuer aux objectifs nationaux de réduction des gaz à effet de serre. Le prochain mandat doit donc être celui d’un changement d’échelle. Pour réussir, État et collectivités doivent changer de méthode afin d’activer pleinement les leviers existants et renforcer l’action locale en faveur de la transition.  

  • 13/11/2025 Billet d'analyse
    De la bonne utilisation des annexes vertes

    Les collectivités présentent depuis cette année l’impact de leurs dépenses sur l’environnement dans une annexe à leur compte administratif. Les résultats consolidés de ces « annexes vertes » ne sont pas encore publics, mais devront en tout état de cause être manipulés avec précaution. Que pourra-t-on en dire ? Comment les données issues de ces annexes pourront-elles être articulées avec d’autres évaluations utilisées dans le débat public ? En bref, comment les utiliser à bon escient ? Ce billet ouvre la discussion. 

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer