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Adaptation au changement climatique : comment passer à la vitesse supérieure ?

18 octobre 2019 - Étude Climat - Par : Dr. Vivian DEPOUES

Cette étude réalisée en collaboration avec Terra Nova dégage 8 pistes d’actions pour passer à la vitesse supérieure en matière d’adaptation au changement climatique. Ces pistes portent sur les échelles nationales et territoriales – autour de trois axes clés : Garantir un portage politique fort et incarné en cohérence avec les politiques publiques pertinentes; Intégrer systématiquement la question et coordonner les efforts aux différentes échelles ; Y dédier les moyens humains et financiers nécessaires

 

L’étude montre – à l’aide de nombreux exemples – pourquoi il absolument nécessaire de s’adapter au changement climatique en cours tout en accélérant les efforts pour le contenir au maximum. Elle présente des cas de territoires, de filières et d’organisations qui montrent la voie et encourage à donner une impulsion forte pour généraliser ces dynamiques.

 

Ne pas faire de l’adaptation une préoccupation clé des stratégies d’aménagement et de développement c’est prendre le risque de s’enfermer dans des impasses, en se privant par exemple d’infrastructures suffisamment résilientes ou d’opportunités économiques viables dans un climat différent. De telles situations auraient des conséquences graves en matière de cohésion sociale et territoriale.

 

Dans l’esprit de nombreux acteurs, l’adaptation reste pourtant trop souvent négligée. L’enjeu est éludé par deux arguments erronés : (1) un prétendu manque d’information pour agir et (2) la croyance que l’on pourra de toute façon voir venir et s’adapter au fur et à mesure. Or, comme le présente cette étude, ces deux discours ne tiennent pas.

 

Prendre en compte l’évolution des conditions climatiques dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques et des stratégies privées nécessite de réinterroger des manières de faire acquises de longue date.  Les exemples de l’évolution de la philosophie de gestion du trait de côte ou encore les réflexions en cours sur la pérennité du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles présentés dans cette étude l’illustrent.

 

En matière d’adaptation il ne faut pas attendre de solutions génériques ni de recettes technologiques miracles. Si cet enjeu est un réel défi, c’est aussi parce qu’il pose partout des questions de gouvernance, nécessite des discussions collectives sur les risques et les responsabilités et une volonté de construire ensemble des visions de l’avenir des territoires et de leurs économies.

 

De nombreuses dynamiques de recherche ont préparé le terrain et d’importants jalons institutionnels ont été posés au cours des dernières années. Un 2ème Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC 2) a été adopté fin 2018. Cependant ces efforts restent le plus souvent cantonnés à des cercles restreints et font l’objet d’une appropriation encore trop faible. L’adaptation est en effet un sujet au long cours dont il n’est pas toujours facile de se saisir.

 

L’adaptation ne se décrète pas, elle nécessite une volonté stratégique et un travail d’appropriation collectif dont il faut collectivement se donner les moyens. Elle doit s’inscrire au cœur des nouveaux modes de coopération entre l’État et les territoires, associant intelligemment capacités d’initiative et d’expérimentation locales et accessibilité de ressources et de solutions mutualisées.

 

8 Recommandations :

  1.  Identifier des personnes référentes sur le sujet dans les différents cabinets ministériels et installer une coordination politique transversale qui pourrait être assurée par un responsable de l’adaptation directement rattaché au premier ministre.
  2.  Mobiliser les associations d’élus pour faire de l’élaboration d’une stratégie territoriale d’adaptation une priorité des exécutifs locaux.
  3.  Inscrire l’adaptation dans le mandat de principaux opérateurs publics et agences de l’État dotées de responsabilités en matière de planification et de régulation.
  4.  Confier au Haut Conseil pour le Climat la responsabilité d’évaluer la compatibilité des politiques gouvernementales structurantes avec les enjeux de l’adaptation.
  5.  Identifier clairement sur tous les sujets structurants le ou les organismes en charge de porter et d’animer les dynamiques sectorielles.
  6.  Intégrer le contrôle des risques liés au changement climatique dans les processus de décision et investissements des collectivités.   
  7.  Doter l’État d’une capacité d’expertise et de moyens dédiés à la mise en œuvre du plan national d’adaptation, ainsi qu’à la mise à disposition de l’expertise nécessaire à l’élaboration de stratégies d’adaptation territoriales.
  8.  Mobiliser les ressources nécessaires – notamment humaines, d’ingénierie et d’animation au sein des collectivités pour (i) animer des démarches de mobilisation des acteurs du territoire afin (ii) d’identifier et de permettre une prise de conscience collective des vulnérabilités aux changement climatique puis (iii) d’impulser des exercices de prospective territoriale, (iv) de faire émerger des initiatives concrètes d’adaptation et (v) de les mettre en œuvre.
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