Industrie verte : le match est lancé

12 mai 2023 - Édito de la semaine - Par : Erwann KERRAND

Face à une compétition mondiale exacerbée par l’Inflation Reduction Act États-Unien, l’équipe Europe et le joueur France multiplient les initiatives pour relever concomitamment deux défis : verdir l’industrie existante telle que l’acier ou le ciment, et industrialiser la production des biens verts, ces cleantech comme les pompes à chaleur ou les électrolyseurs qui font de la transition une réalité. Pour relever le premier défi, le gouvernement français a mis sur la table entre 5 à 10 milliards d’euros d’argent public pour décarboner les sites de production les plus polluants, en contrepartie d’investissements privés. Mais a-t-on bien pris la mesure des besoins d’investissements des industriels ? 

 

Dans une étude que nous publions aujourd’hui, et que vous découvrirez dans cette newsletter, nous avons analysé les besoins d’investissement de quatre secteurs de l’industrie lourde en France. Et il en ressort que les besoins d’investissement varient d’un facteur 4 en fonction du scénario de décarbonation retenu ! Un scénario plus sobre nécessite moins d’acier ou de ciment, et donc moins d’investissements de décarbonation. D’où l’importance de planifier, de se mettre d’accord sur les besoins de demain, pour éviter de sur-investir ou de sous-investir.

 

Pour relever le défi de l’industrialisation des cleantech, la France, avec son projet de loi industrie verte, et la Commission européenne, avec son Net Zero Industry Act, veulent accélérer l’octroi de permis d’installation de nouveaux sites. C’est essentiel. Mais le projet français ne cible pas seulement les cleantech, échouant ainsi à leur donner un avantage comparatif. Quant à l’Union européenne et ses Etats membres, ils ne doivent pas oublier en parallèle d’investir dans leurs capacités institutionnelles pour traiter les demandes de permis, afin de suivre la cadence sans rogner sur les exigences environnementales. C’est l’une des propositions de notre nouveau billet d’analyse consacré au Net Zero Industry Act, propositions qui visent à en faire une rampe de lancement vers un plan européen d’investissement pour la cleantech et le climat. Verdir l’industrie et industrialiser le vert. Deux défis distincts qu’il faut aborder en même temps, et en articulant les politiques françaises et européennes. Car c’est en jouant collectif qu’on gagne des matchs. 

 

Lire la newsletter

 

Pour aller plus loin
  • 06/06/2025
    À mi-chemin vers 2030, l’Europe doit stimuler les investissements climat

    Dans un contexte géopolitique en mutation, l’Europe dispose d’une opportunité unique de conjuguer action climatique et compétitivité industrielle. Comme l’a souligné Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité européenne, cet objectif ne pourra être atteint que si les ambitions de décarbonation s’accompagnent d’un véritable sursaut d’investissement. La Commission européenne s’est inscrite dans cette dynamique en s’engageant à devenir une « Commission de l’investissement », tout en réaffirmant sa détermination à respecter les objectifs de réduction des émissions pour 2030 et à maintenir le cap vers la neutralité climatique à long terme. 

  • 03/06/2025
    État des lieux des investissements climat en Europe

    Avec la deuxième édition de notre rapport, nous faisons le point sur l’évolution des investissements soutenant la transition climatique en Europe. Le rapport évalue les investissements annuels de l’économie réelle nécessaires pour atteindre les objectifs de 2030 définis dans le Green Deal et le Net Zero Industry Act pour les secteurs de l’énergie, des bâtiments, des transports et de la production de technologies propres. Nous suivons les investissements dans ces secteurs, soulignons les déficits et analysons les défis pour mobiliser les investissements.

  • 10/04/2025
    Plans de transition et politique de rémunération : Quels enjeux pour les acteurs financiers ?

    L’intégration d’indicateurs climatiques dans les rémunérations variables est un sujet brûlant. Retirée au dernier moment des négociations sur la directive sur le devoir de vigilance (CSDDD), la proposition reste pourtant d’actualité dans le débat politique. Si le sujet commence à devenir incontournable pour les rémunérations au sein des grandes entreprises, il semble demeurer tabou du côté des banques. Cette exigence figurait même déjà dans les attentes de supervision de la Banque Centrale Européenne en 2020. Elle semble cependant peu suivie par les banques.

Voir toutes les publications
Contact Presse Amélie FRITZ Responsable communication et relations presse Email
Inscrivez-vous à notre liste de diffusion :
Je m'inscris !
Inscrivez-vous à notre newsletter
Une fois par semaine, recevez toute l’information de l’économie pour le climat.
Je m'inscris !
Fermer