Industrie verte : le match est lancé
Face à une compétition mondiale exacerbée par l’Inflation Reduction Act États-Unien, l’équipe Europe et le joueur France multiplient les initiatives pour relever concomitamment deux défis : verdir l’industrie existante telle que l’acier ou le ciment, et industrialiser la production des biens verts, ces cleantech comme les pompes à chaleur ou les électrolyseurs qui font de la transition une réalité. Pour relever le premier défi, le gouvernement français a mis sur la table entre 5 à 10 milliards d’euros d’argent public pour décarboner les sites de production les plus polluants, en contrepartie d’investissements privés. Mais a-t-on bien pris la mesure des besoins d’investissements des industriels ?
Dans une étude que nous publions aujourd’hui, et que vous découvrirez dans cette newsletter, nous avons analysé les besoins d’investissement de quatre secteurs de l’industrie lourde en France. Et il en ressort que les besoins d’investissement varient d’un facteur 4 en fonction du scénario de décarbonation retenu ! Un scénario plus sobre nécessite moins d’acier ou de ciment, et donc moins d’investissements de décarbonation. D’où l’importance de planifier, de se mettre d’accord sur les besoins de demain, pour éviter de sur-investir ou de sous-investir.
Pour relever le défi de l’industrialisation des cleantech, la France, avec son projet de loi industrie verte, et la Commission européenne, avec son Net Zero Industry Act, veulent accélérer l’octroi de permis d’installation de nouveaux sites. C’est essentiel. Mais le projet français ne cible pas seulement les cleantech, échouant ainsi à leur donner un avantage comparatif. Quant à l’Union européenne et ses Etats membres, ils ne doivent pas oublier en parallèle d’investir dans leurs capacités institutionnelles pour traiter les demandes de permis, afin de suivre la cadence sans rogner sur les exigences environnementales. C’est l’une des propositions de notre nouveau billet d’analyse consacré au Net Zero Industry Act, propositions qui visent à en faire une rampe de lancement vers un plan européen d’investissement pour la cleantech et le climat. Verdir l’industrie et industrialiser le vert. Deux défis distincts qu’il faut aborder en même temps, et en articulant les politiques françaises et européennes. Car c’est en jouant collectif qu’on gagne des matchs.